2007
Tous droits réservés © Globe, Revue internationale d’études québécoises, 2007
Stéphane Inkel, « La voix du fils : Le catholicisme au service d’une historicité de la langue dans Le Saint-Élias de Jacques Ferron », Globe: Revue internationale d’études québécoises, ID : 10.7202/1000084ar
Jacques Ferron, on l’a souvent remarqué, recourt à plusieurs reprises à des figures issues d’un lexique proprement catholique que ses contemporains tentaient pour leur part de mettre à distance. Au-delà de la « théorie du moi » et du rapport aux autres qui justifient, dans Du fond de mon arrière-cuisine, l’emploi « syntaxique » de cette terminologie, se peut-il que cet usage soit aussi le signe d’une épistémologie qui aurait survécu au processus de laïcisation de la Révolution tranquille? Cette lecture du roman Le Saint-Elias montre comment il est possible de déceler une structure de l’utopie messianique, privée de son contenu manifeste d’une « vocation » catholique en terre d’Amérique, aussi bien dans l’écriture de Ferron qu’au sein de ce que l’on appellera l’historicité québécoise. Une temporalité messianique épousant celle de la langue mise en scène par un rapport à l’origine que l’inversion de l’énoncé sur la filiation - « c’est le Fils qui a engendré le Père » — nous permettra d’appréhender.