2010
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Frontières ; vol. 23 no. 1 (2010)
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Gilles Ernst, « Georges Bataille et la question du corps mort », Frontières, ID : 10.7202/1004021ar
Le mort hante l’oeuvre de Georges Bataille (1897-1962). Il y fait l’objet d’une description volontairement provocante. La raison en est simple : il appartient au monde du sacré. D’où les deux rites – l’un, affreux, l’autre, plus attendu – marquant son apparition : la nécrophilie et la veillée mortuaire. Ces deux rites, en apparence très différents, sont en fait identiques : ils soulignent la nécessité, comme l’a enseigné Hegel, un des maîtres à penser de Bataille, de garder à l’esprit la négativité de la mort. Situé dans le contexte actuel, Bataille a donc pressenti le « déni » de la mort et du mort qui caractérise, selon les spécialistes, la société contemporaine, déni que l’auteur de l’article illustre par son expérience personnelle (cas d’un village français affecté par la « déritualisation » des funérailles). Pour remédier à cette crise, Bataille propose le maintien d’une morale où le vivant ne se détourne pas du mort.