2011
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Protée ; vol. 39 no. 1 (2011)
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Yan Rucar, « Fidget de Kenneth Goldsmith, entre poésie visuelle et norme procédurale », Protée, ID : 10.7202/1006726ar
Issu d’une procédure contraignante, le texte Fidget de Kenneth Goldsmith apparaît sur plusieurs supports. Ces versions respectent toutes l’intégralité du texte d’origine, mais en affectent radicalement l’aspect visuel. Sur l’écran électronique, Fidget fait apparaître un langage qui, sous l’effet de jeux de texture tels que l’encombrement et la mobilité, succombe à un graphisme aliénateur. Le langage de Fidget, fragmentaire dès l’origine du texte, se prête en vertu de cette structure à une insertion dans une composition qui n’est pas proprement textuelle ou picturale, mais participe de ces deux domaines. Or, des textes picturaux, pétris tout à la fois de significations figurales et de désignations linguistiques, émanèrent de la pratique poétique concrétiste, instaurée par le groupe Noigandres de São Paulo à partir de 1957. Poète visuel, Charles Bernstein propose dans Veil (1976) l’exemple opposé d’une textualité écrasée par la figuralité. Comment la version électronique de Fidget, avec ses facteurs visuels, interagit-elle avec le modèle procédural ? Comment le texte devient-il une composante d’un écran combinant mobilité et visualité ? Cette interrogation sera informée par le modèle antérieur de la pratique concrétiste de 1957 et par l’oeuvre Veil de Charles Bernstein.