2011
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Études littéraires ; vol. 42 no. 1 (2011)
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Giovanni Berjola, « Architecture et intimité dans Illuminations d’Arthur Rimbaud », Études littéraires, ID : 10.7202/1007156ar
Lorsqu’Arthur Rimbaud écrit les poèmes qui composeront par la suite Illuminations, l’architecture imaginaire n’est pas une nouveauté : les romantiques, avec Hugo, Gautier et Nerval, ont déjà exploré ce thème porteur, que Baudelaire a repris dans son poème intitulé « Rêve parisien ». Ces rêveries se rattachent à une poétique de la voyance que Rimbaud prolonge et renouvelle : l’on serait même tenté de dire que la voyance rimbaldienne trouve son expression la plus accomplie dans ces villes de rêves. Ces visions où architecture et nature se confondent à la faveur d’un style flamboyant ont fait l’objet de nombreux commentaires. De ces analyses il ressort une double ambivalence : l’architecture rimbaldienne apparaît comme un espace à la fois attractif et menaçant, une scène où se joue le drame de la création et de la destruction. L’imaginaire du poète réécrit des mythes tels que l’enfer et le paradis d’une part, la genèse, le déluge et l’apocalypse de l’autre. Ce décor mythique semble renvoyer, sur le plan psychologique, aux désirs et aux angoisses du poète. Ce qui intéresse le poéticien, ce sont non pas les mythes en eux-mêmes, mais leur appropriation par le sujet rimbaldien. L’enjeu de ce travail sera en définitive d’étudier comment l’espace et l’architecture dans Illuminations traduisent les préoccupations intimes du poète.