Ritualisations et processus identitaires chez les usagers et ex-usagers d’héroïne

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2011

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Drogues, santé et société ; vol. 10 no. 1 (2011)

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Résumé Fr En Es

L’introduction, ou la réintroduction, de la notion d’addiction dans le champ psychopathologique marque une certaine évolution des conceptions relatives aux pratiques toxicomaniaques. Moins centrées sur les effets psychopharmacologiques des produits, ou sur la mise en cause d’une « structure de personnalité » déviante, supposément commune à l’ensemble des sujets concernés, les approches contemporaines considèrent désormais le phénomène du point de vue de la dynamique psychologique qu’il met en jeu.Et dans cette perspective, l’addiction apparaît généralement comme un mécanisme de défense spécifique, transnosographique – c’est-à-dire dépassant le cadre des entités psychopathologiques traditionnellement identifiées comme telles –, un moyen de survie psychique ou de « sauvegarde identitaire » destiné à « compenser » une certaine fragilité narcissique.Ce que confirme la lecture anthropo-analytique du modèle d’expérience toxicomaniaque, fondée sur l’analyse thématique, puis structurale, d’un certain nombre de récits de vie d’usagers, ou d’ex-usagers, d’héroïne. Il ressort en effet de cette étude, qui combine quelques réflexions anthropologiques à la lecture psychanalytique des données, que la conduite d’intoxication pourrait participer de fonctions ritualisantes, comme le soulignent nombre d’auteurs, en mettant l’accent sur le retournement vers des modes archaïques du fonctionnement psychique, la valeur traumatolytique, l’effet anxiolytique ou encore la « fonction contenante » engagés par le recours au produit.Toutefois, ces approches se focalisent le plus souvent sur les effets protecteurs ou surprotecteurs de l’intoxication, négligeant les épreuves de pertes et de déconstruction que ne manquent pas d’occasionner de tels parcours. C’est pourtant en s’intéressant à ces « expériences négatives » qu’il devient possible de cerner le véritable sens rituel de ce modèle d’expérience, pour autant que ce soit bien de son sens à la fois symbolisant et socialisant que se fonde toute définition exhaustive du rite. Dès lors, c’est dans une certaine forme d’« initiation à la négativité » que pourrait poindre, pour ces sujets, la possibilité d’interroger les fondements de leur identité symbolique.

In the psychopathologic field, the introduction, or reintroduction of the concept of addiction marks a certain evolution in our comprehension of drug abuse practices. With less focus on the drugs’ psychopharmacological effects or the deviant “personality organization” supposedly common to all the individuals concerned, contemporary approaches now consider the phenomenon in the light of the psychological dynamics it involves.From the same point of view, addiction generally appears to be a specific and trans-nosographic coping mechanism, a means of psychic survival or “identity saving” intended “to compensate” for a degree of narcissistic fragility.This is confirmed by the anthropo-analytical reading of the drug-addiction experience model, based on thematic and structural analyses of life narratives of a number of heroin addicts and ex-addicts. The results of this study, which combines anthropological reflections with a psychoanalytical reading of the data, reveal that intoxication behaviour may be part of ritualizing functions, as many authors point out, by highlighting the return to archaic means of physic functioning, the “trauma treatment value”, the anxiolytic effect or even the “containing function” triggered by the product’s appeal.However, these approaches usually focus on the protective or overprotective effects of intoxication, neglecting the losses and deconstruction events caused by these marginal trajectories. Nevertheless, interest for these “negative experiences” could allow us to identify the real ritual sense contained in this model of experience, in so far as any exhaustive definition of a rite is based on symbolizing and socializing functions. At this point, for these subjects, the possibility of questioning the foundations of their symbolic identity appears to be a sort of “initiation into negativity”.

La introducción, o la reintroducción, de la noción de adicción en el campo psicopatológico marca una cierta evolución de los conceptos relativos a las prácticas toxicomaníacas. Los enfoques contemporáneos, menos centrados en los efectos psicofarmacológicos de los productos o en culpar una «estructura de la personalidad» marginal, supuestamente común a los sujetos implicados, consideran ahora el fenómeno desde el punto de vista de la dinámica psicológica que este pone en juego.En esta perspectiva, la adicción aparece generalmente como un mecanismo de defensa específico, transnosográfico, es decir, que supera el marco de las entidades psicopatológicas tradicionalmente identificadas como tales; un medio de sobrevivencia psíquico o de «salvaguardia identitaria» destinado a «compensar» una cierta fragilidad narcisística.Lo antedicho confirma la lectura antropoanalítica del modelo de experiencia toxicomaníaca, fundada en el análisis temático y estructural de una cierta cantidad de relatos de vida de consumidores o ex-consumidores de heroína. Surge, en efecto, de este estudio, que combina algunas reflexiones antropológicas con la lectura psicoanalítica de los datos, que la conducta de intoxicación podría formar parte de funciones ritualizantes, como lo destacan numerosos autores, que ponen el acento en la vuelta hacia modos arcaicos del funcionamiento psíquico, el valor traumatolítico, el efecto ansiolítico o incluso la «función contenedora» vinculada con el recurso al producto.No obstante, estos enfoques se centran generalmente en los efectos protectores o sobreprotectores de la intoxicación, descuidando las pruebas de pérdidas y de deconstrucción que no dejan de ocasionar tales trayectorias. Sin embargo, es a través del interés en estas «experiencias negativas» que es posible circunscribir el verdadero sentido ritual de este modelo de experiencia, a condición de que toda definición exhaustiva del rito se funde verdaderamente en su sentido a la vez simbolizante y socializante. Es entonces en una cierta forma de «iniciación a la negatividad» que podría surgir, para estos sujetos, la posibilidad de interrogar los fundamentos de su identidad simbólica.

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