Ville et campagne : deux concepts à l’épreuve de l’étalement urbain

Résumé Fr En Es

Malgré la forte critique qu’il essuie et les mesures prises à son encontre, l’étalement urbain se poursuit. Il y a là un paradoxe qui pourrait signifier que l’étalement urbain tire avantage des moyens adoptés pour le contrer. L’hypothèse, qui n’a rien d’ironique, force la réflexion sur les catégories conceptuelles (ville, campagne, urbain, rural) qui fondent notre compréhension du phénomène. En suivant cette piste, on remarque, à partir du cas québécois, que la critique de l’étalement urbain propage une conception dichotomique de la ville et de la campagne, alors que les moyens mis en oeuvre pour le contrer agissent selon d’autres critères, autorisant ce qu’on peut appeler une « urbanisation de la campagne ». Ce constat pousse à s’interroger sur le caractère intrinsèquement urbain de cette dernière. L’idée qui s’en dégage est que la ville et la campagne seraient deux entités partageant un champ où se déploient et se combinent, selon des modalités propres à chacune, des caractères à la fois urbains et ruraux. Dans ce contexte, le défi ne serait donc pas simplement d’empêcher l’étalement urbain, mais d’assurer la meilleure urbanisation possible de la campagne.

Urban sprawl continues unabated, in spite of widespread criticism of its impact and strong countermeasures adopted by public authorities. Might it not be argued, in this context, that urban sprawl benefits from the very measures intended to fight it? That hypothesis, far from being ironic, could relaunch the debate about the conceptual categories underlying our understanding of the phenomenon: “city, countryside, urban, rural”. Our analysis of the case of the province of Québec would suggest that criticism of urban sprawl presupposes an absolute dichotomy between the city and the countryside, while the means used to counter it operate on an entirely different basis and in fact facilitate the urbanization of the countryside. Does this mean that the city and the countryside actually constitute two geographical entities that share common attributes, both urban and rural, but combine them differently? If that is so, the challenge for land planners would not simply be to prevent urban sprawl, but rather to ensure the best possible urbanization of the countryside.

A pesar de la fuerte crítica de la que es objeto y de las medidas tomadas en su contra, la expansión urbana se prolonga. Aquí hay una paradoja según la cual la expansión urbana estaría aventajada por las propias medidas creadas para afrontarla. La hipótesis, nada irónica, obliga a reflexionar las categorías conceptuales (ciudad, campo, urbano, rural) que cimentan la comprensión del fenómeno. Según esta pista y partiendo del caso quebequense, se observa que la crítica de la expansión urbana propaga una concepción dicotómica de la ciudad y el campo, mientras que los medios utilizados para contrarrestarla actúan según otros criterios, autorizando lo que puede llamarse una « urbanización del campo ». Este estado de cosas ocasiona interrogaciones sobre el aspecto intrínseco de lo urbano de esta última. La idea emergente es que la ciudad y el campo serían dos entidades compartiendo un espacio donde se despliegan y combinan, según sus propias modalidades, con características a la vez urbanas y rurales. En tal contexto, el desafío no sería de impedir simplemente la expansión urbana, sino de asegurar la mejor urbanización posible del campo.

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