Politiques de Saturne : La mélancolie d’Hamlet chez Jacques Ferron et Hubert Aquin

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2012

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Jean-François Hamel, « Politiques de Saturne : La mélancolie d’Hamlet chez Jacques Ferron et Hubert Aquin », Voix et Images, ID : 10.7202/1013450ar


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Cet article propose une lecture de la figure d’Hamlet chez Jacques Ferron et Hubert Aquin, depuis leurs contributions à la revue Parti pris, au mitan des années 1960, jusqu’aux textes crépusculaires que sont Du fond de mon arrière-cuisine et Neige noire. En s’appropriant le personnage mythique de la tragédie de Shakespeare, Ferron et Aquin placent leur engagement sous le signe de Saturne, divinité traditionnellement associée à la mélancolie. Chez l’un et l’autre, les apparitions du prince illustrent en effet une politique de la littérature fortement ambivalente, qui entrelace le mort et le vif, la folie et la raison, la puissance et l’impuissance, comme si l’autorité de l’écrivain provenait de sa capacité à s’excepter de toute souveraineté afin de porter au langage l’expérience blessée de son absence.

This article suggests a reading of the figure of Hamlet in the work of Jacques Ferron and Hubert Aquin, from their contributions to Parti pris magazine in the mid-1960s to Du fond de mon arrière-cuisine and Neige noire, the last productions of their twilight period. In appropriating the mythical character of Shakespeare’s tragedy, Ferron and Aquin locate their commitment under the sign of Saturn, a divinity traditionally associated with melancholy. For each of the two writers, the prince’s appearances illustrate a highly ambivalent literary politics that intertwine the living and the dead, madness and reason, power and impotence, as if the writer’s authority came from his ability to except himself from all sovereignties in order to bring to language the wounded experience of his absence.

Este artículo propone una lectura de la figura de Hamlet en Jacques Ferron y Hubert Aquin, desde sus contribuciones a la revista Parti pris, a mediados de los años sesenta, hasta los textos crepusculares que son Du fond de mon arrière-cuisine (Desde el fondo de mi cocinita) y Neige noire (Nieve negra). Al apropiarse el personaje mítico de la tragedia de Shakespeare, Ferron y Aquin sitúan su compromiso bajo el signo de Saturno, divinidad tradicionalmente asociada a la melancolía. En efecto, tanto en uno como en otro, las apariciones del príncipe ilustran una política de la literatura altamente ambivalente, que entrelaza lo muerto y lo vivo, la locura y la razón, la potencia y la impotencia, como si la autoridad del escritor proviniese de su capacidad para exceptuarse de cualquier soberanía, a fin de llevar al lenguaje la experiencia herida de su ausencia.

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