2012
Tous droits réservés © Revue Intermédialités, 2012
François Albera, « Le cinéma projeté », Intermédialités: Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques / Intermediality: History and Theory of the Arts, Literature and Technologies, ID : 10.7202/1015084ar
L’époque de l'invention d’une technique et d’une technologie telles que le cinéma a généralement été envisagée à partir d’un modèle de filiation, de perfectionnement et de réalisation effective, et elle a été scandée par la chronologie des « découvertes » et des « brevets » dont le personnage d’Edison est le parangon, mais aussi bien Marey, Skladanowsky, Lumière, etc. En étudiant la représentation de technologies audiovisuelles non encore advenues dans une série de textes littéraires souvent non considérés en raison de leur statut marginal ou vulgaire et qui s’inscrivent dans le « genre » de la science-fiction ou de la fantaisie « futuriste », cet article s’efforce de mettre en lumière une problématique qui remet en question le discours de l'invention et de sa progressivité. En effet, ces textes qui, au mieux, sont envisagés comme « anticipant » l’avènement du cinéma ou de la télévision (Villiers de L’Isle-Adam avec L’Ève future ou Jules Verne avec Le château des Carpathes), nous apparaissent plutôt comme des « extrapolations » de théories ou d’hypothèses en vigueur, lesquelles ne trouvent pourtant pas encore d'aboutissements concrets ou d’expériences dans l'espace de l’écriture.