2013
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Cinémas : Revue d'études cinématographiques ; vol. 23 no. 2-3 (2013)
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Jean-Pierre Esquenazi, « Les séries télévisées et l’esthétique carnavalesque », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/1015189ar
Dans son livre sur Rabelais, Mikhaïl Bakhtine pose les principes d’une esthétique carnavalesque qui serait à l’origine de l’ensemble de la littérature « hétéroglossique », c’est-à-dire capable de brasser les discours peuplant un univers social. L’auteur établit un parallèle entre ces écrits et certaines fictions télévisuelles où se manifestent les traits caractéristiques du carnavalesque (la grossièreté, le brassage des genres, la conquête d’un point de vue discordant, l’impertinence envers les puissances), inspirés par le bref renversement social que constituent les carnavals au Moyen Âge. L’auteur propose de regarder un moment de l’histoire des séries télévisées à travers la perspective carnavalesque, capable selon lui de rendre compte du projet de ces séries. L’auteur étudie en détail la narration de deux séries carnavalesques : The Simpsons (1989-…) et Boston Legal (2004-2008). Dans la première, la narration fait d’une petite ville fictive, Springfield, un microcosme des attitudes et des stéréotypes américains aperçus à travers la loupe de la famille Simpson. Dans la seconde, des juristes obsédés, obsessionnels et pervers se confrontent aux douleurs d’une Amérique vacillante.