2012
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Cahiers franco-canadiens de l'Ouest ; vol. 24 no. 1-2 (2012)
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Denis Lacroix et al., « « La grande épinettière » d’Alex Michelet : une lecture postcoloniale », Cahiers franco-canadiens de l'Ouest, ID : 10.7202/1021928ar
Récit composé par Alex Michelet (1886-1979) à l’aube de sa vie, « La grande épinettière » raconte l’histoire d’une jeune institutrice d’ascendance française, Jeanne, qui se trouve affectée dans un petit village de l’Ouest canadien au tournant des années 1915-1920. En apparence anodin, ce récit inédit est remarquable à plusieurs égards : 1) il propose une description précise de la francophonie albertaine que l’auteur connaît bien pour avoir vécu en Alberta entre 1915-1919; 2) à travers le personnage de Jeanne, ce roman met en scène le conflit identitaire – éminemment actuel – qui tiraille les Français de la deuxième génération vivant dans l’Ouest; 3) à la différence des récits traditionnels de pionniers (Durieux, Giscard, Maturié), qui font état du combat épique contre la nature, « La grande épinettière » se focalise sur l’intériorité des personnages (qui apparaît alors dans toute sa complexité). De fait, c’est toute l’esthétique romanesque qui s’en trouve modifiée et n’a plus grand-chose à voir avec les récits coloniaux de pionniers. L’objet de cet article est d’explorer ces trois axes de lecture tout en réfléchissant en filigrane à la question de l’héritage laissée par la présence française dans l’Ouest canadien en général et en Alberta en particulier.