2014
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André Habib, « Archives, modes de réemploi. Pour une archéologie du found footage », Cinémas: Revue d'études cinématographiques / Cinémas: Journal of Film Studies, ID : 10.7202/1025150ar
Le cinéma de réemploi (ou de found footage) suscite depuis une quinzaine d’années un engouement critique et théorique qui va de pair avec la « fièvre de l’archive » qui parcourt actuellement le champ des sciences humaines. On peut toutefois s’étonner du manque de considération ou d’attention dont font parfois preuve certains de ces chercheurs à l’égard des questions proprement matérielles, des opérations techniques, des contextes historiques précis qui ont permis, autorisé ou rendu possible la réalisation de films aussi différents — et reconnus — que Tom, Tom, the Piper’s Son de Ken Jacobs, Eureka d’Ernie Gehr, Public Domain d’Hollis Frampton, etc. L’origine des matériaux réemployés, le contexte historique de leur accessibilité et les techniques de leur réemploi — en somme, tout ce qui compose les gestes d’excavation et de reproduction de ces films d’archives — déterminent sur bien des aspects l’expérience de ces oeuvres (de leur fabrication à leur réception) et l’imaginaire de l’archive qu’elles médiatisent. À partir d’un certain nombre de cas et en examinant différents contextes historiques, ainsi que les modes précis de réemploi des films de la collection des paper prints à Washington, cet article propose un modèle pour une archéologie du found footage, afin de rendre justice à ces gestes de réemploi, d’en retrouver la beauté et l’intelligence, en les réinscrivant dans leur histoire, leur technique, leur matérialité propres.