Du Maghreb à l’Asie centrale ont été édifiés des monuments musicaux comme les nuba-s arabo-andalouses, les ayin-s mevlevi, le radif persan ou mugam azerbaïdjanais, le maqom boukharien ou khorazmien, l’onikki muqam ouïgour, et bien d’autres. Afin de mieux comprendre leur genèse et donc leur organisation, au-delà de la façade qu’ils présentent, on se propose de déconstruire quelques-uns de ces répertoires, de retracer les étapes de leur canonisation et d’en évaluer les conséquences. Cette démarche se justifie d’autant plus que la plupart d’entre eux sont actuellement promus à une reconnaissance officielle qui les expose à des entreprises de restauration ou de fixation susceptibles de conduire à la fossilisation, de les réduire de la mémoire au souvenir, et au-delà, à la « mémorialisation ». Face à des phénomènes de cet ordre, l’approche de l’ethnomusicologue ne se réduit pas à décrire, analyser et modéliser, mais peut aussi relever d’options esthétiques et l’engager positivement dans le processus dont il veut rendre compte.
From North Africa to Central Asia, musical monuments were built, such as the Arab-Andalusian nuba-s, the Mevlevi ayin-s, the Persian Radif or the Azerbaijani Mugam, the Bokharian or Khorazmien Maqôm, the Uyghur Onikki muqam, and many others. For a better understanding of their origin and therefore of their organization, beyond the facade they offer, we intend to deconstruct some of these repertoires, to trace the stages of their canonization and evaluate its consequences. This approach is justified by the fact that most of them are being promoted to an official recognition that exposes them to initiatives of restoration or fixation which may lead to fossilization, reduce them from memorisation to remembrance, and beyond to « memorialization ». Faced with this kind of phenomena, the ethnomusicologists’ approach is yet not limited to description, analysis and modelization, but can also meet aesthetic options and engage them positively in the process they are reporting.
De Magreb al Asia central, se han construido monumentos musicales como los nuba-s arabo-andaluces, los ayin-s mevlevís, el radif persa o el mugam azerbaiyano, el magom bujariano o joresmiano, el onikki muqam uigur y muchos otros. Para bien comprender su génesis y su organización, más allá de la fachada que presentan, se propone deconstruir unos cuantos de esos repertorios, de analizar las etapas de su canonización y de evaluar sus consecuencias. Este procedimiento es justificado tanto más que la mayor parte de ellos han sido impulsados hacia el reconocimiento oficial exponiéndolos a empresas de restauración o de fijación susceptibles de conducirlos a la fosilización, de mermarlos de la memoria o del recuerdo, y más allá, a lo conmemorativo. Ante fenómenos de este orden, el enfoque de la etnomusicología no se reduce a describir, analizar y modelizar, sino puede relevar opciones estéticas e inducir de manera positiva en el proceso que desea expresar.