2015
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Georges Didi-Huberman, « Aperçues (fragments d’un journal) », Études françaises, ID : 10.7202/1031228ar
Dans ces notes prélevées de ses carnets qui s’échelonnent sur dix ans, Georges Didi-Huberman interroge la fragilité et la résistance entêtante de l’image, ce qui s’ouvre en elle et appelle le regard, à la limite de la perception et du sensible : détails insolites, approches et distances équivoques, signes continus et discontinus, déposition à l’oeuvre dans la composition même, cadrage et regard tranché, carnation et couleurs qui sont le réel sujet du tableau, chien rejeté dans l’ombre, juste devant nous, et que personne ne voit, ou encore ce fil rouge que, grâce à Vermeer, nous n’oublierons jamais. L’ekphrasis répond alors à ces choses aperçues, à peine visibles ou au contraire rendues visibles par l’image, juste « assez étranges pour êtres vues et interrogées ». Le langage qui entre en résonance avec elles n’est plus discours ni expression, mais « sortie du discours hors de lui-même en vue de décrire quelque chose qui semblait d’abord impossible à exprimer » – extases de phrases.