2015
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Politique et Sociétés ; vol. 34 no. 3 (2015)
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Martin Hébert et al., « La mémoire du désordre : la temporalité dans le parler ordinaire et le discours des ONG lors de catastrophes naturelles au Guatemala », Politique et Sociétés, ID : 10.7202/1034778ar
Les catastrophes naturelles qui ont frappé le Guatemala au cours des dernières décennies ont déclenché l’intervention de nombreuses organisations humanitaires non gouvernementales. Ces ONG véhiculent des savoirs et des discours qui marquent la préparation, l’action d’urgence et la reconstruction liées aux désastres. Ces discours portent sur les causes et la nature de l’urgence, de même qu’elles véhiculent des présupposés sur ce qui doit être reconstruit. Dans le présent texte, ces discours articulés sur le passé, le présent et le futur sont mis en rapport avec la mise en récit locale de la catastrophe. L’expérience de deux communautés guatémaltèques du département de Sacatépequez ayant vécu l’ouragan Agatha en 2010 est examinée. Nous nous intéressons particulièrement à la manière dont le discours des ONG et le parler ordinaire se comparent du point de vue de leur rapport au temps. Le contraste constaté entre la mobilisation de la longue durée dans le parler ordinaire et la temporalité beaucoup plus comprimée du discours des ONG qui ont oeuvré dans les communautés affectées nous laisse entrevoir une diversité de temps sociaux s’articulant avant, pendant et après la catastrophe. Ainsi, les données recueillies contribuent à complexifier notre compréhension de la temporalité des catastrophes naturelles en mettant en lumière la concomitance des temps sociaux à chaque moment de la crise et les rapports politiques qui sont produits dans les tensions entre eux.