Vulgarisation scientifique, increasing knowledge gap et épistémologies de la communication

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2016

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Nouvelles perspectives en sciences sociales ; vol. 11 no. 2 (2016)

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Bernard Ancori, « Vulgarisation scientifique, increasing knowledge gap et épistémologies de la communication », Nouvelles perspectives en sciences sociales: Revue internationale de systémique complexe et d'études relationnelles, ID : 10.7202/1037107ar


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Depuis sa naissance au XIXe siècle, la vocation affichée de la vulgarisation scientifique est de chercher à combler l’écart culturel entre « savants » et « ignorants » afin d’épauler une science longtemps considérée comme source de progrès de toutes natures. Au cours de la seconde partie du siècle suivant, elle se transforma en une médiatisation de masse, et elle se vit critiquée de toutes parts à partir du dernier quart du XXe siècle. L’une de ces critiques vise l’increasing knowledge gap qu’elle produit au sein de son public : son flux croissant d’information induit une appropriation différenciée au sein du système social, dont les parties dotées des statuts socioéconomiques plus élevés s’approprient cette information plus rapidement que celles qui ont des statuts plus bas, de sorte que le fossé entre les connaissances respectives des unes et des autres tend à s’accroître au lieu de diminuer.Ce texte s’interroge sur le maintien paradoxal dans nos sociétés de dispositifs de vulgarisation scientifique dont l’increasing knowledge gap révèle cet effet pervers. Il montre que ce maintien tient à une forme de cécité épistémologique : contrairement à une opinion répandue, le modèle de communication pertinent pour penser la vulgarisation scientifique est celui proposé par Gregory Bateson, et non celui qui est issu des travaux de Claude Elwood Shannon. Nous présentons d’abord le modèle shannonien de la communication en tant que référent théorique du « modèle du déficit » qui inspire la vulgarisation scientifique, et nous soulignons sa totale inadaptation à la communication sociale. Nous résumons ensuite la conception batesonienne de la communication en la contrastant point par point avec le modèle précédent. Enfin, nous démontrons que, si l’increasing knowledge gap ne peut pas apparaître dans le cadre de la conception shannonienne de la communication, il s’explique en revanche très simplement dans le cadre de la conception batesonienne de celle-ci.

From its beginnings in the 19th century, the popularization of science (vulgarisation) has aimed to bridge the cultural gap between « scientists » and « the ignorant », in support of science long considered to be a source of all progress. During the second part of the 20th century, popularization of science became a mass media phenomenon, criticized from all sides in the last quarter of the century. One of these criticisms concerns the increasing knowledge gap within its audience : the growing flow of information induces differences in the appropriation of information within the social system. The audience of the highest socioeconomic levels is able to appropriate information more quickly than the lower one, so that the gap between their respective knowledge tends to grow rather than diminish.This article addresses the paradox that our societies continue to adhere to the devices of popularization of science, although the increasing knowledge gap shows its pernicious effect. It argues that this persistence is due to a form of epistemological blindness : contrary to wide-spread opinion, the relevant model of communication required for analyzing popularization of science is that proposed by Gregory Bateson, rather than that put forth by Claude Elwood Shannon. First, I present the Shannon’s model of communication as the theoretical reference of the deficit model that inspired popularization of science. I stress that it is totally unsuited to explain social communication. Second, I summarize Bateson’s conception of communication, and contrast it point by point with the previous model. Finally, I argue that the increasing knowledge gap has no place in the framework of Shannon’s conception of communication, while it can be very simply explained by Bateson’s conception.

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