L’introuvable authenticité du récit ouvrier

Fiche du document

Date

2016

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
Sociologie et sociétés ; vol. 48 no. 2 (2016)

Collection

Erudit

Organisation

Consortium Érudit

Licence

Tous droits réservés © Les Presses de l’Université de Montréal, 2016




Citer ce document

Corinne Grenouillet, « L’introuvable authenticité du récit ouvrier », Sociologie et sociétés, ID : 10.7202/1037713ar


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En Es

Partant de la définition de l’authentique écrivain prolétarien donnée par Henry Poulaille dans les années 1930, cet article s’interroge sur la pérennité et la validité d’une telle conception aujourd’hui. Il est demandé à l’auteur ouvrier de raconter, de témoigner — et cette demande sociale, parfois explicitée, est tout d’abord replacée dans « l’ère du témoin » ou du « storytelling ». Or, il s’avère d’une part que la plupart des récits ouvriers publiés au tournant du xxie siècle privilégient d’autres configurations que l’agencement narratif, qu’ils mêlent discours et récit, choisissant d’autres formes que le récit (le journal, le fragment, le portrait par exemple). La lisibilité et la diffusion éditoriale de ces récits exigent d’autre part l’intervention de passeurs : sociologues, journalistes, enseignants, hommes et femmes de l’ombre éditoriale, sans lesquels ils restent lettre morte, ce qui invalide l’idée d’une production spontanée ou totalement originale.

Starting with Henry Poulaille’s 1930s definition of the genuine proletarian writer, this article questions the durability and validity of such a concept today. The worker writer is called upon to narrate, to bear witness—and this social request, which is sometimes spelled out, is first put back in “the age of the witness” or “the age of storytelling”. But it turns out, on the one hand, that most worker stories published at the turn of the 21st century favour other configurations than the narrative arrangement ; they mix discourse and stories, choosing other forms instead of the story (such as the diary, the fragment, the portrait). On the other hand, the readability and dissemination of these stories require the support of smugglers : sociologists, journalists, teachers, the men and women of publishing who work in the shadows, without which these stories remain useless, a fact that invalidates the idea of a spontaneous or fully genuine production.

Partiendo de la definición del “auténtico” escritor proletario, desarrollada por Henry Poulaille en los años 1930, este artículo se interroga acerca de la perennidad y validez de tal concepción en la actualidad. Al autor obrero se le pidió relatar, dar su testimonio —y esta solicitud social, a veces explícita, es inicialmente relocalizada en “la era del testimonio” o de la narrativa (storytelling). Ahora bien, por una parte, la mayoría de los relatos obreros publicados a inicios del siglo xxi privilegian configuraciones diferentes a la narrativa, donde mezclan discursos y relatos, escogen formas diferentes al relato (por ejemplo, el periódico, el fragmento, el retrato). La legibilidad y la difusión editorial de estos relatos exigen, por otra parte, la intervención de algunos intermediarios : sociólogos, periodistas, educadores, hombres y mujeres a la sombra editorial, sin los cuales serían letra muerta, lo que invalidaría la idea de la producción espontánea o totalmente original.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en