MÉMOIRE TRAUMATIQUE ET MÉMOIRE COLLECTIVE DANS KAMOURASKA

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2017

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Inspiré d’un fait divers de 1839, le roman Kamouraska d’Anne Hébert raconte un meurtre, non pas comme événement objectif et extérieur, mais comme événement vécu et remémoré, sur un mode résolument traumatique, par l’héroïne Élisabeth d’Aulnières, complice du crime. En analysant cette représentation hébertienne de la mémoire, et qui plus est la manière dont le texte, à l’aide de procédés formels, exhibe ou mime le fonctionnement même des processus mémoriels, cet article entend réinscrire le roman dans la généalogie des représentations (orales et littéraires) du fait divers entre 1839 et 1970, généalogie dont Anne Hébert est à la fois l’héritière directe, pour des raisons familiales, et la critique, en tant que romancière : il s’agit de montrer, en un mot, que le roman peut être lu comme une représentation du fonctionnement de la mémoire collective devant les événements traumatiques dont elle conserve la trace.

Based on a “fait divers” (miscellaneous news item) from 1839, Anne Hébert’s novel Kamouraska tells the story of a murder not as an objective, exterior event, but as a lived event that is remembered in an unambiguously traumatic mode by the heroine, Élisabeth d’Aulnières, an accomplice in the crime. In analyzing Hébert’s representation of memory, and especially the way in which the text, using formal techniques, displays or imitates the functioning of memory processes themselves, this article seeks to locate the novel in the genealogy of representations (both oral and literary) of “fait divers” between 1839 and 1970. Anne Hébert is both a direct heir of this genealogy, for family reasons, and, as a novelist, its critic. The purpose, then, is to show that the novel can be read as a representation of the way in which collective memory works in dealing with the traumatic events of which it preserves the traces.

Inspirada en un suceso de 1839, la novela Kamouraska, de Anne Hébert, narra un asesinato, no como un evento objetivo y exterior, sino como un acontecimiento vivido y rememorado, de una forma decididamente traumática, por la heroína Élisabeth d’Aulnières, cómplice del crimen. Al analizar esta representación hebertina de la memoria, y más aún, la manera en que el texto, mediante procedimientos formales, exhibe o imita el funcionamiento mismo de los procesos memoriales, este artículo pretende reinscribir la novela en la genealogía de las representaciones (orales y literarias) de los sucesos acaecidos entre 1839 y 1970, genealogía de la cual Anne Hébert es a la vez la heredera directa, por motivos familiares, y la crítica, en calidad de novelista: se trata de mostrar, en pocas palabras, que se puede leer la novela como una representación del funcionamiento de la memoria colectiva frente a los acontecimientos traumáticos cuya huella conserva.

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