2017
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Sandrine Bergès, « Secrétariat, collaboration et auto-publication dans la France révolutionnaire », Philosophiques, ID : 10.7202/1042333ar
Comment publier ses écrits lorsqu’on est une femme française du dix-huitième siècle ? C’est une question que les femmes philosophes engagées de l’époque de la Révolution sont forcées de se poser : contribuer aux débats politiques aura peut-être un effet salutaire sur la place de la femme dans la société à venir.Mais qui voudra dépenser de l’argent pour promulguer les écrits de celles qui ne pourront pas les défendre à l’Assemblée, puisqu’elles ne sont pas citoyennes ?Je proposerai trois modèles : celui de Madame Roland qui se présenta longtemps comme la compagne et secrétaire de son mari, et qui pourtant écrivit ses discours les plus importants ; celui de Sophie de Grouchy, qui collabora avec son mari Condorcet mais ne put publier ses propres écrits qu’après la Révolution ; enfin celui d’Olympe de Gouges, qui paya elle-même l’impression et la diffusion de ses nombreux écrits. Malgré leurs efforts, ces femmes furent remises à leur place plus ou moins violemment par une société révolutionnaire qui n’acceptait pas qu’elles puissent participer à ses réformes.