« Plus de livre, plus jamais de livre » : Espace public et écriture politique d’après Maurice Blanchot et le Comité d’action étudiants-écrivains

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2018

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Études françaises ; vol. 54 no. 1 (2018)

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Dans la perspective d’une histoire culturelle des formes et des théories de l’engagement, cet article reconstitue la politique de la littérature défendue par le Comité d’action étudiants-écrivains, de sa fondation en mai 1968 à sa dissolution moins d’un an plus tard, en regard du répertoire des discours et des pratiques de l’agitation culturelle à la disposition des contestataires. Le thème de « l’absence de livre », présent dans l’oeuvre critique de Maurice Blanchot, trouve là une extension politique, voire insurrectionnelle. D’une part, le Comité se porte à la défense d’un espace public oppositionnel, alimenté par la production militante des tracts, des affiches et des bulletins, au sein duquel le livre, emblématique de la culture bourgeoise, apparaît comme un instrument de répression au service du pouvoir. D’autre part, au nom d’une exigence radicale de pluralité, et conformément à l’esprit antiautoritaire des événements, le Comité conteste la littérature comme discours d’exception et refuse le prestige symbolique rattaché au statut d’écrivain, rejetant ainsi l’idée même d’une oeuvre d’art révolutionnaire. D’où le paradoxe d’un Comité d’action constitué d’écrivains qui, pendant plusieurs mois, par fidélité au soulèvement, prend la décision de littéralement faire grève de la littérature.

In the context of a cultural history of forms and theories of commitment, this article reconstitutes the politics of the literature defended by the Comité d’action étudiants-écrivains, from its founding in May 1968 to its dissolution less than a year later, focusing on the participants’ discourses and cultural agitation practices. The theme “Absence of the Book” present in Maurice Blanchot’s critical work exemplified a political, even insurrectional, extension. On the one hand, the Comité came to the defence of an oppositional public space fomented by the militant production of tracts, posters and newsletters, and wherein the book, emblematic of bourgeois culture, appeared as a repressive instrument in the service of power. On the other hand, touting a radical demand for plurality and attuned to the anti-authoritarian spirit of events, the Comité disputed literature as a discourse of exclusion and refused the symbolic prestige attached to the status of writer, thereby rejecting the very notion of a revolutionary work of art. Whence the paradox of a Comité d’action made up of writers who, over the course of several months through their loyalty to the uprisings, made the decision to literally be on strike against literature.

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