ENTRE LE POCAILLE ET LE POÈTE : La ruse de l’écrivain dans le scénario commenté de La bête lumineuse de Pierre Perrault

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2017

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Voix et Images ; vol. 43 no. 1 (2017)

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LAURANCE OUELLET TREMBLAY, « ENTRE LE POCAILLE ET LE POÈTE : La ruse de l’écrivain dans le scénario commenté de La bête lumineuse de Pierre Perrault », Voix et Images, ID : 10.7202/1043150ar


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Au-delà de l’emblématique équipée de chasse à l’orignal qu’elle met en scène, La bête lumineuse de Pierre Perrault raconte surtout l’histoire d’une grande chamaille, celle d’un conflit langagier faisant s’affronter deux ordres de la parole sourds l’un à l’autre ; celui des pocailles, chasseurs d’orignaux rompus au rite de la chasse, et celui du poète Stéphane-Albert, chasseur néophyte et non-initié. Grand amateur de littérature classique, le chasseur-poète décidera effectivement d’écrire et de réciter un poème ayant pour but d’exalter l’expérience vécue en forêt, geste qui ne sera pas sans causer une cassure irréparable au sein de la communauté des chasseurs. Car en plus d’exposer la part latente d’érotisme contenue dans l’acte cynégétique et habituellement sublimée dans le geste du call, l’énonciation de ce poème leur demandera également de révéler les lois tacites régissant le déploiement de la parole pocaille, mélange de hardiesse orale et de pudeur sentimentale. À travers une lecture du scénario commenté de La bête lumineuse, cet article cherche à démontrer que le geste d’écriture de Perrault vient, au sein de cet objet textuel, réconcilier, voire transcender la dichotomie entre parole vive et écriture faisant loi au coeur du film.

Beyond the iconic adventure of the moose hunt represented in Pierre Perrault’s La bête lumineuse, the film essentially relates the story of a great quarrel—a linguistic conflict between two antagonistic orders of speech that are deaf to each other: the speech of the pocailles, moose hunters steeped in the rite of the hunt, and the speech of the poet Stéphane-Albert, the novice, uninitiated hunter. The poet/hunter, a lover of classical literature, decides to compose and recite a poem that will glorify the hunters’ experience in the forest—an act that leads to an irreparable break within the community of the hunters. For in addition to disclosing the latent eroticism contained in the act of hunting, which is usually sublimated in the “call,” the poem, when it is spoken, also requires them to reveal the unspoken laws governing the deployment of the “pocaille” way of speaking—a mixture of oral boldness and sentimental modesty. Through a reading of the film’s annotated script, this article seeks to demonstrate that Perrault’s act of writing, within this textual object, reconciles or even transcends the dichotomy between spoken word and writing that is enacted as law at the heart of the film.

Más allá de la emblemática aventura de caza del alce que escenifica, La bête lumineuse (La bestia luminosa), de Pierre Perrault, cuenta sobre todo la historia de una gran pelea, la de un conflicto lingüístico en el cual se enfrentan dos órdenes de la palabra, sordos el uno hacia el otro: el de los pocailles, cazadores de alces experimentados en el rito de la caza, y del poeta Stéphane-Albert, cazador neófito y no iniciado. Gran aficionado a la literatura clásica, el cazador-poeta decide, efectivamente, escribir y recitar un poema cuyo objetivo es exaltar la experiencia vivida en el bosque, gesto que no dejará de causar una ruptura irreparable en el seno de la comunidad de cazadores. Pues además de exponer la parte latente de erotismo contenida en el acto cinegético y habitualmente sublimada en el gesto del reclamo, el enunciado de este poema les pedirá también que revelen las leyes tácitas que rigen el despliegue de lo que denominaré pocaille, mezcla de audacia oral y pudor sentimental. A través de una lectura del argumento comentado de La bête lumineuse, este artículo busca demostrar que el gesto de escritura de Perrault viene, dentro de este objeto textual, a reconciliar, incluso a trascender la dicotomía entre palabra viva y escritura que manda en el corazón de la película.

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