2017
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Cahiers québécois de démographie ; vol. 46 no. 1 (2017)
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Stéphane Crespo, « Et si les conjoints ne partageaient pas tous leurs revenus ? Conséquences sur la mesure des inégalités du bien-être », Cahiers québécois de démographie, ID : 10.7202/1043296ar
Que ce soit dans l’application des mesures découlant du droit fiscal et social de la famille, ou dans le calcul des inégalités en bien-être économique sous-jacentes aux statistiques de pauvreté, le « revenu familial » joue un rôle central. Or, ce concept véhicule l’idée que les revenus des membres d’une famille sont mis en commun et également partagés, ce qui implique l’absence de toute inégalité intrafamiliale de ce bien-être. Pourtant, en mettant en évidence des modes de gestion individualisée des revenus dans les couples, la littérature suggère que cette inégalité intrafamiliale est importante et doit être prise en compte. Au moyen de simulations réalisées sur des échantillons de couples de moins de 65 ans, sans enfants, au Québec entre 1979 et 2014, nous tentons d’estimer cette inégalité en fonction de variantes d’un mode de gestion individualisée par lequel les conjoints retiennent hors d’un pot commun des parts plus ou moins élevées de leurs revenus respectifs. Les résultats montrent que l’inégalité intrafamiliale augmente en fonction de ces parts, à plus forte raison lorsqu’elles sont plus élevées pour le conjoint masculin. Aussi, cette inégalité était plus élevée en 1979 qu’en 2014 alors que les écarts de revenus à l’avantage des hommes étaient plus importants. Enfin, les biais dans l’estimation de l’inégalité totale qui résultent de la non prise en compte de l’inégalité intrafamiliale sont non négligeables.