« Too many sorry business ». Mort et rites funéraires dans le désert occidental australien

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Depuis plusieurs décennies déjà, le taux de mortalité dans les communautés aborigènes dites isolées du centre et du nord de l’Australie est assez élevé. Les causes sont diverses : mauvais état de santé, alcoolisme, accidents de voiture et violence. Tant et si bien que les Aborigènes sont constamment engagés dans ce qu’ils appellent en anglais le sorry business, soit les rites de lamentation et de deuil. En 2013, un séjour dans la communauté aborigène de Balgo (désert occidental australien), où je mène des recherches depuis 1980, m’a à nouveau confirmé cette réalité. Alors que la messe funéraire est prise en charge par l’Église catholique, les sorry business débutent dès l’annonce de la mort et se déroulent souvent sur plusieurs semaines. Dans cet article, j’explique, d’une part, la conception aborigène de la mort et décris les rites mortuaires contemporains. J’interroge, d’autre part, le comment et le pourquoi de ce haut taux de mortalité au sein de l’État-Nation australien lequel, tout en misant sur la « normalisation » des Aborigènes, continue à nier leur différence.

Over the last decades, the death rate in so-called isolated Aboriginal communities in Central and Northern Australia has been relatively high. The causes are various: poor health status, alcoholism, car accidents and violence. Aboriginal people seem to be constantly involved in what they themselves call, in English, “sorry business” or mourning rituals. In 2013, in the Aboriginal community of Balgo (Australian Western Desert) where I have been conducting research since the 1980s, attending “sorry business” had almost become part of daily life. While the Catholic Church handles some aspects of the funeral ceremonies such as the Mass, the “sorry business” starts as soon as a death is confirmed and continues over many weeks. In this paper, I first explain the Aboriginal conception of death and describe contemporary mourning and funerary rites. I then question the how and why of such high mortality rate within the Australian Nation-State, which, while focusing on the “normalization” of Aboriginal people, continues to deny their difference.

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