2018
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Frontières ; vol. 29 no. 2 (2018)
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Ingrid Hall, « Les ancêtres au prisme des pommes de terre non domestiquées. Une perspective andine », Frontières, ID : 10.7202/1044161ar
Les pommes de terre ont une âme dans les Andes. Il y a des « pommes de terre (du) cadavre » (aya papa), des « pommes de terre des mauvais-morts » (papa de losgentiles), lesquelles ont en commun de n’être pas domestiquées. Il y a aussi des pommes de terre déshydratées (chuño) qui sont presque mortes. Que nous enseigne ceci sur la façon dont les morts, pour les populations des communautés andines, participent encore de la vie ? Voici la question qui va guider cet article. Les conceptions sur la vie et la mort sont ancrées dans un ensemble de pratiques qui débordent le monde des humains, dans une logique pratique et productive qui leur donne sens. Selon ces conceptions, la mort est étroitement associée à la fertilité, à la force-vitale qui anime plantes et individus et ne disparaît pas purement et simplement après la mort mais continue à circuler. Il s’agit là d’un point central de la conception des personnes et du monde dans les Andes. Cet article repose sur des références bibliographiques issues tant de l’agronomie que de l’ethnologie et portant sur l’aire andine, qui sont complétées et éclairées par des données portant sur la région de Cusco (Pérou), lesquelles comprennent des données ethnographiques de première main.