Le masque de Judas. Généalogie d’un personnage selon l’historien médiéviste Giacomo Todeschini

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2018

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Tangence ; no. 116 (2018)

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Anna Mirabella, « Le masque de Judas. Généalogie d’un personnage selon l’historien médiéviste Giacomo Todeschini », Tangence, ID : 10.7202/1051078ar


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Judas est le traître par excellence. Protagoniste de nombreuses créations littéraires du xxe siècle, ce personnage est utilisé le plus souvent pour explorer les enjeux de la trahison, comme le montre même le dernier roman d’Amos Oz, Judas, où paradoxalement l’apôtre est innocenté. L’historien qui s’attache à l’étude d’un personnage de la mythologie chrétienne doit prendre un tout autre chemin, comme le fait Giacomo Todeschini dans Come Giuda. Ce travail explore la genèse du personnage depuis les premières exégèses patristiques jusqu’au xve siècle, où il devient le miroir identificatoire du menu peuple, catégorie à marginaliser car considérée comme dangereusement incapable de comprendre les règles des échanges matériels. Dans la culture chrétienne, Judas apparaît en effet d’abord comme l’homme qui, incapable de reconnaître la valeur infinie de Jésus, le vend pour une somme dérisoire. Cette interprétation du personnage nous est devenue étrangère, de même que la logique de l’économie charismatique qui l’a produite et représente le référent « réel » des constructions fictives successives du Judas médiéval. Si le théologien et l’artiste cherchent à imaginer « qui était Judas », nous montrons que l’historien s’interroge plutôt sur ce que, à une certaine époque, l’on a pu nommer à travers l’invention de Judas.

Judas is the archetypal traitor. The protagonist of numerous twentieth-century literary creations, his character is most often used to explore the issue of treason, as seen most recently in Judas, Amos Oz’s latest novel, where, paradoxically, the apostle is presumed innocent. A historian examining this character from the perspective of Christian mythology, however, must offer quite a different interpretation, as does Giacomo Todeschini in Come Giuda. This article analyzes the origins of the Judas character from the first patristic exegesis until the 15th century, when he becomes the identifying mirror of the common people, a category created to marginalize a group viewed as dangerously incapable of understanding the rules of material exchange. In Christian culture, Judas is, first and foremost, the man who betrayed Jesus for a pittance because he was unable to recognize the Saviour’s infinite value. This interpretation of the character of Judas is alien to us; also alien is the logic of the charismatic economy that produced it and represents the “real” point of reference for successive fictional constructions of the medieval Judas. Whereas theologians and artists try to imagine “who Judas was”, we argue that historians focus, rather, on what the invention of Judas may have signified at a given period of time.

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