2018
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Ethnologies ; vol. 40 no. 1 (2018)
Tous droits réservés © Ethnologies, Université Laval, 2018
Van Troi Tran et al., « For an anthropology of historians », Ethnologies, ID : 10.7202/1054312ar
Le cliché est toujours vivace: les historiens, comme chacun sait, ont tendance à se représenter comme des artisans, qui maîtrisent un savoir-faire pratique acquis patiemment grâce à une expérience pratique de contact avec de documents poussiéreux, et qui montrent un mépris flagrant pour la théorie et les abstractions. Cette image demande un examen plus attentif. Il est intéressant de noter que malgré cette insistance sur une image artisanale de la profession, il existe peu d’enquêtes ethnographiques sur les historiens au travail qui décriraient précisément le savoir artisanal des historiens et les multiples aspects pratiques de la pratique de l’histoire dans différents contextes. L’idée que les historiens font tout bonnement ce qu’ils font semble assez simple, mais comme pour tout « métier », de la vannerie à la chasse en forêt tropicale, la pratique ne va jamais de soi, que ce soit techniquement ou sociologiquement. Certes, il existe de nombreuses biographies, autobiographies, « égo-histoires », amorces méthodologiques et essais épistémologiques qui abordent et analysent la problématique de l’historien au travail, mais ces récits réflexifs restent dans une perspective essentiellement « verticale ». S’inspirant des travaux récents en études des sciences et en anthropologie des sciences, nous voudrions proposer dans cet article un programme d’étude « horizontal » des historiens, indépendant de leur propre discours réflexif, et symétrique dans ses explications, de manière à prêter attention aux variétés de leur existence, et à leurs devenirs dans une communauté de pratique.