2017
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McGill Law Journal ; vol. 63 no. 1 (2017)
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Jocelyn Maclure, « The Regulation of Hateful and Hurtful Speech: Liberalism’s Uncomfortable Predicament », McGill Law Journal / Revue de droit de McGill, ID : 10.7202/1054353ar
La règlementation du discours est un enjeu éthique, politique et juridique très délicat et en constante évolution. D’une part, le discours haineux et blessant est en croissance, surtout, mais pas exclusivement, en ce qui concerne les relations entre l’Islam et l’Occident. Les dimensions interactives de l’Internet encouragent particulièrement la radicalisation du discours. D’autre part, les demandes de suppression de certaines formes de discours prolifèrent également. Après avoir considéré l’argument en faveur de la liberté d’expression, je soutiens que la notion de préjudice qui est défendue par les libéraux s’inscrivant dans la lignée de Mill est trop limitée, mais qu’un « principe d’infraction » est aussi trop vaste. Après avoir défendu les lois sur le discours haineux, je concède que ces lois doivent contrôler seulement le discours qui exprime les formes les plus sévères d’exclusion et de dénigrement envers les membres d’un groupe spécifique. De plus, j’examine le statut du « discours blessant », que je considère inclure des énoncés performatifs qui ne sont pas haineux mais, néanmoins, qui érodent le statut social et les bases du respect de soi de ceux qui sont ciblés par leur force illocutoire et effets perlocutoires. Je conclus que le débat sur la liberté d’expression révèle une limite de la philosophie morale et politique de la tradition libérale et place les théoriciens du libéralisme normatif dans une situation inconfortable, car ces derniers doivent se soutenir plus sur le rôle complémentaire des dispositions personnelles pro-sociales et des vertus civiques qu’ils le souhaitent généralement.