Recomposition familiale et multiparentalité : un exemple du difficile arrimage du droit à la famille contemporaine

Résumé Fr En Es

Le portrait démographique et sociologique de la famille contemporaine met en lumière l’écart grandissant entre le vécu de nombreuses familles et les normes légales qui encadrent les relations familiales. L’augmentation des séparations et des recompositions familiales oblige à s’interroger sur l’opportunité de consacrer le principe de la « multiparentalité ». Cet exercice s’inscrit dans le contexte d’un système juridique qui est généralement fidèle au modèle traditionnel biparental et qui démontre une préférence nette à ne reconnaître le rôle parental d’un tiers que dans un contexte de parentalité de substitution, plutôt qu’à admettre l’idée d’une démultiplication des figures parentales autour de l’enfant et donc d’une véritable parentalité d’addition. Le statut du beau-parent fait l’objet d’une attention accrue de la part des juristes depuis quelques années, et les auteurs de l’article qui suit entendent contribuer à la réflexion en présentant une analyse et une réflexion autour de trois aspects de la recomposition familiale. Dans une première partie, les auteurs tracent un portrait juridique inédit de la « beau-parentalité » en dehors du droit de la famille et proposent une classification des lois afin de mieux circonscrire la manière dont le droit public et social prend en considération la réalité des familles recomposées. Ils revisitent ensuite la question délicate de l’exercice de l’autorité parentale au sein de la famille recomposée, à la lumière de la réforme de 2017 qui a instauré le mécanisme de la tutelle supplétive. Finalement, les auteurs plaident pour une remise en question de l’approche jurisprudentielle québécoise en matière de détermination du statut « beau-parental » en droit du divorce et proposent une interprétation plus souple de l’expression « tenir lieu de père ou de mère ».

A demographic and sociological portrait of the contemporary family reveals a growing gap between the actual experience of many families and the legal standards that govern family relations. The increased number of separations and reconstituted families points to a possible need to consecrate the principle of multi-parenthood. The current legal framework generally follows the traditional two-parent model and shows a clear preference for not recognizing the parental role of a third party except as a substitute parent, rather than admit the idea of multiple parental figures gravitating around a child and therefore true additional parenthood. The status of step-parent has received increased attention from legal experts in recent years, and this article intends to provide input for the debate by analyzing and reflecting on three aspects of family reconstitution. In the first part, the authors present a new legal portrait of step-parenthood outside the scope of family law, and propose a classification of legislation to better define how public and social law takes the reality of reconstituted families into account. Next, it returns to the delicate question of how parental authority is exercised in reconstituted families, in light of the 2017 reform that instituted the mechanism of suppletive tutorship. Last, the authors plead for a revision of the jurisprudential approach used in Quebec to determine step-parenthood status in divorce law, and propose a more flexible interpretation of the phrase “in loco parentis”.

La perspectiva demográfica y sociológica de la familia contemporánea pone de manifiesto las crecientes brechas que existen entre las vivencias de numerosas familias y las normas legales que enmarcan las relaciones familiares. El aumento de las separaciones y de las recomposiciones familiares apremia a preguntarse sobre la oportunidad de consagrar el principio de parentalidad múltiple. Este trabajo se realiza en un marco de un sistema jurídico que generalmente se ajusta al modelo tradicional biparental, y el cual demuestra una neta preferencia para reconocer el rol parental de un tercero en un contexto parental de sustitución, en lugar de admitir la idea de una multiplicación de figuras parentales que rodean al hijo, tratándose entonces de una verdadera parentela adicional. El estatus de padrastro ha llamado mucho la atención de los juristas desde hace algunos años, y este artículo tiene como objetivo contribuir a la reflexión del tema, presentando un análisis y una reflexión en torno a tres aspectos de la recomposición familiar. En una primera parte, los autores esbozan una perspectiva jurídica inédita de la figura de los padrastros fuera del derecho familiar, y plantean una clasificación de las legislaciones con el fin de determinar cómo el derecho público y social consideran la realidad de las familias reconstituidas. Seguidamente, se revisa la delicada cuestión del ejercicio de la autoridad parental en el seno de la familia recompuesta en el contexto de la reforma del año 2017, en el cual se ha instaurado el mecanismo de tutela supletiva. Finalmente, los autores abogan por un cuestionamiento del enfoque jurisprudencial quebequense en materia de la determinación del estatus de los padrastros en derecho de divorcio, y proponen una interpretación más flexible de la expresión in loco parentis.

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