Poétique de l’épistolarité romanesque dans l’oeuvre de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont

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2018

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Beatrijs Vanacker, « Poétique de l’épistolarité romanesque dans l’oeuvre de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont », Études françaises, ID : 10.7202/1055655ar


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Au sein de son oeuvre impressionnante, le rôle de Beaumont romancière, peu étudié jusqu’à présent, se déduit d’une importante série de romans publiés à des moments-clés de sa carrière. Dans ce parcours, c’est bien la période 1765-1767 (entre le Magasin des Jeunes Dames [1764] et le Magasin des Pauvres [1768]) qui marque l’intérêt de l’auteure pour la fiction romanesque. Pendant ces trois ans, Leprince de Beaumont publie autant de romans, à savoir Lettres d’Émérance à Lucie (1765), Mémoires de Mme la Baronne de Batteville (1766) et La nouvelle Clarice, histoire véritable (1767). Dans cette architecture romanesque en trois étapes, la cohérence interne est en large mesure assurée par la récurrence de passages de « lecture performante », qui servent de marqueurs intradiégétiques d’un projet de mise en récit fictionnelle. De ce fait, Leprince de Beaumont se montre d’une part une observatrice perspicace des stratégies narratives en vigueur à son époque, à travers sa mise en oeuvre d’un processus de négociation fictionnelle qui prépare et légitime la publication à proprement parler. Mais chez Leprince de Beaumont, la scénographie légitimante s’intègre en outre dans une poétique romanesque à forte orientation didactique. Les nombreuses scènes de lecture, que l’auteure prend soin d’attribuer à des héroïnes-narratrices exemplaires, marquent en même temps l’empreinte d’un programme éducatif qui passe outre le registre purement romanesque. En effet, si les rédactrices en question se décident à rédiger et faire circuler les récits de vie de leurs correspondant(e)s, Leprince de Beaumont les fait bien insister sur la logique d’édification qui justifie ce passage d’histoire privée à récit public. Dans sa capacité de prêter la voix au(x) lectrice(s)-romancières intradiégétique(s), le mode épistolaire s’avère ainsi particulièrement propice aux enjeux didactiques de Leprince de Beaumont romancière.

Within Leprince de Beaumont’s impressive oeuvre, her role as a novelist has remained largely unexplored so far, even if her literary career was marked by a continuous interest in novel writing. This was especially the case during the three year-interlude (1765-1767) between Magasin des Jeunes Dames (1764) and Magasin des Pauvres (1768), when she published three novels: Lettres d’Émérance à Lucie (1765), Mémoires de Mme la Baronne de Batteville (1766) and La nouvelle Clarice, histoire véritable (1767). The internal coherence of this novelistic “triptych” is due mainly to the recurrence of performative reading scenes, which serve as intradiegetic markers of a fictionalization of the novel writing process, appearing in all three of the novels. By doing so, Leprince de Beaumont certainly proved to be an acute observer of the narrative strategies at play in the literary field of her time, which informed a widespread process of inner-fictional legitimation, facilitating the novels’ actual publication. Yet, in Leprince de Beaumont’s oeuvre, this “scénographie légitimante” also fits in with the author’s predominantly didactic view on novel writing. The numerous reading scenes, which she cleverly attributes to exemplary feminine narrators/heroines, at the same time designate the outline of a didactic program surpassing the novelistic regime. In Leprince de Beaumont’s fiction, the motivation for writing and publishing the life stories of some of the main characters arises from within the fiction itself, thus being informed by their edifying nature which, in itself, serves to justify the inner-textual transition from private history to public story. In its capacity to lend a voice to intradiegetic readers (turned writers), the epistolary form thus functions as an ideal fictional platform for Leprince de Beaumont’s educational purposes.

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