Les carnets de Julien Gracq : « la promenade entre toutes préférée »

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Durant toute sa vie d’écrivain, mais de façon de plus en plus exclusive au fil du temps, Julien Gracq a pratiqué ce qu’il appelle une « littérature fragmentaire », composée de notes et de « notules », de cahiers et de souvenirs, de textes critiques et d’essais brefs, publiés sous la forme de carnets (même s’il ne recourt que très rarement à ce terme). Si cette écriture du fragment s’oppose, chez Gracq, à l’effort et à la dynamique de continuité qui caractérisent, à ses yeux et dans sa pratique, l’écriture romanesque, elle est aussi une façon de rendre une certaine mesure du monde, qui est aussi bien une manière de l’habiter. La préférence de Gracq pour les lieux clos et abrités, pour les instants hors du temps, pour ce qui se suffit à soi-même, pour ce qui n’est pas suspendu à une suite, trouve dans l’écriture du fragment une forme d’expression non seulement privilégiée, mais aussi la plus adéquate possible.

Throughout his life as a writer, but in an increasingly exclusive way over time, Julien Gracq has practiced what he calls “fragmentary literature,” composed of short notes and annotations, diaries and memories, critical texts and short essays, published in the form of notebooks (although he only very rarely uses this term). If the writing of the fragment contrasts, in Gracq’s case, with the effort and dynamics of continuity that characterize, in his eyes and in his practice, fiction writing, it is also a way of rendering a certain measure of the world, which is also a way of inhabiting it. Gracq’s preference for closed and sheltered places, for moments out of time, for what is selfsufficient, for what does not depend on a sequel, finds in the writing of fragments a form of expression not only privileged, but also the most appropriate possible.

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