2019
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Intermédialités : Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques ; no. 33 (2019)
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Lowell Gasoi, « Making Memories: Time and Responsibility in Intermedial Metatheatre », Intermédialités: Histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques / Intermediality: History and Theory of the Arts, Literature and Technologies, ID : 10.7202/1065019ar
Il est peut-être admis qu’une performance peut être captée et rediffusée, mais le rapport existant entre cette performance enregistrée, la mémoire de l’acte performé et l’événement direct est bien moins évident. De même que la pratique d’un théâtre intermédial offre une perspective spécifique sur ce rapport, prendre conscience de la métathéâtralité permet de mettre en évidence les liens existant entre mémoire, technologie et performance. Dans cet article, je soutiens que le métathéâtre intermédial, au même titre que mon propre travail de metteur en scène, vidéaste et performeur vidéo lors de la production en 2014 de Never Swim Alone — une pièce de Daniel MacIvor —, est un bon exemple de recherche-création pouvant éclairer ces questions de façon concrète et expérientielle. À partir de la notion de média performatif développée par Sarah Kember et Joanna Zylinska et du concept de travail de mémoire pensé par Annette Kuhn, je propose une réflexion sur la matérialité, le temps et la reconstitution médiatique de la mémoire, captés par des technologies telles que les caméras et les équipements de prise de son, et dans des espaces construits comme les studios et les salles de répétition, représentés par des logiciels cartographiant les projections et par des projecteurs numériques installés dans l’espace théâtral. Tous ces éléments sont intégrés à un réseau d’acteurs et de techniques qui rendent compte des pratiques ayant cours dans les créations du théâtre intermédial. Cette recherche est-elle capable d’éclaircir les idées d’authenticité et de liveness quand sont réactivées des mémoires par la présence des acteurs sur scène, et ce, devant une audience ? Et qu’en est-il de notre responsabilité à l’égard de la représentation numérique et des performeurs, lorsque nous réunissons ces mémoires et ces moments ? De quelle manière le réseau de technologies et d’agents investis dans la création et la présentation de pièces de théâtre intermédial comprend-il et respecte-t-il la lifeness d’une mémoire reconstituée médiatiquement ?