2019
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Études françaises ; vol. 55 no. 3 (2019)
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Christian Uwe, « De la question littéraire à l’oeuvre : aspects métapoétiques de l’oeuvre romanesque de Boubacar Boris Diop », Études françaises, ID : 10.7202/1066604ar
L’oeuvre littéraire de Boubacar Boris Diop comporte une importante dimension métapoétique qui interroge constamment l’ensemble du processus d’écriture. Dès le premier roman, Le temps de Tamango, une mise en abyme de l’écriture est prise à la fois dans les plis de sa propre élaboration et dans le dialogue avec un autre texte – Tamango de Mérimée. Après cette oeuvre inaugurale, dans la facture de laquelle Mongo Beti a vu une admirable « expérimentation esthétique », les romans suivants n’ont cessé de revenir à la question, classique et inépuisable, du sens, et non pas seulement des moyens, de l’écriture littéraire. D’un roman à l’autre, le lecteur reconnaît quelques préoccupations récurrentes, dont le rapport entre la fiction et la réalité (plus particulièrement l’histoire politique) et l’effet de la littérature sur ses acteurs. À travers ces aspects, Boubacar Boris Diop semble explorer la crise du littéraire sur fond de crise politique à l’ère des indépendances. Cependant, cette interrogation n’est pas celle d’un sociologue, mais celle d’un créateur de fiction. Le titre de cette contribution peut ainsi se lire de deux manières qui se complètent. C’est, d’une part, la trace du mouvement subtil qui va de la question littéraire, en tant que périmètre d’un problème relatif à la production écrite, à l’oeuvre en tant que résultat et reflet de cette production. D’autre part, c’est aussi l’étude de la façon dont cette question littéraire, déplacée au sein même de l’oeuvre par le truchement de la mise en abyme, s’y révèle à la fois problématique et féconde, permettant d’approcher, de façon plus large, la place de la littérature dans les sociétés africaines postcoloniales.