2019
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Sens public ; vol. no. (2019)
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Sébastien Chapel, « Les racines psychiques de l’autonomie politique chez Castoriadis », Sens public, ID : 10.7202/1067399ar
Opérant la jonction de sa pensée anthropologique et politique, le concept d’autonomie élaboré par Cornélius Castoriadis (1922-1997) éclaire les conditions psychiques que suppose toute auto-institution démocratique de la société. De même qu’il n’y a pas d’autonomie individuelle sans autonomie collective, l’expression « se gouverner sans maître » a une double acception, indissociablement psychique et politique, occultée par les approches formalistes et institutionnalistes de l’autogouvernement. Nous souhaiterions montrer dans cet article que la conception castoriadienne de la psyché, largement mésestimée, peut être située au « point d’hérésie » du courant structuraliste et post-structuraliste qui, dominant la philosophie française des années soixante et soixante-dix, n’a donné jour qu’à des conceptions aporétiques de la psyché et de l’inconscient, conceptions ayant précisément pour caractéristique commune de déconstruire le concept de volonté ou de sujet autonome. Loin de revenir à une conception naïve ou classique de celle-ci, c’est au plus près des problèmes sans réponses légués par ces approches de la psyché que se déploie la réflexion de Castoriadis et que peut être saisie l’originalité et l’actualité d’une pensée dont l’importance n’a pas encore été évaluée à sa juste mesure.