Être et mémoire

Fiche du document

Auteur
Date

2019

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Sens public

Relations

Ce document est lié à :
Sens public ; vol. no. (2019)

Collection

Erudit

Organisation

Consortium Érudit

Licence

Creative Commons Attribution-ShareAlike 4.0 International (CC BY-SA 4.0)Sens Public, 2019




Citer ce document

Pierre Lévy, « Être et mémoire », Sens public, ID : 10.7202/1067432ar


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Le premier enjeu de cet article est de replacer l’objet des sciences humaines (la culture et la signification symbolique) dans la continuité des objets des sciences de la nature. Je fais l’hypothèse que le sens n’apparaît pas brusquement avec l’humanité mais que différentes couches de codage et de mémoire (quantique, atomique, génétique, nerveuse et symbolique) s’empilent et se complexifient progressivement, la strate symbolique n’étant que la dernière en date des « machines d’écriture ». Le second enjeu du texte est de définir la spécificité et l’unité de la couche symbolique, et donc le champ des sciences humaines. Par opposition à une certaine tradition logocentrique, je montre que le symbolisme – s’il comprend évidemment le langage – englobe aussi des sémiotiques (comme la cuisine ou la musique) où la coupure signifiant/signifié n’est pas aussi pertinente que pour les langues. Le troisième enjeu de cet essai est de montrer que les formes culturelles et les puissances interprétatives de l’humanité évoluent avec ses machines d’écriture. L’émergence du numérique, en particulier, laisse entrevoir un raffinement des sciences humaines allant jusqu’au calcul de la complexité sémantique. Cet essai de redéfinition des sciences humaines dans la continuité des sciences de la nature suppose une ontologie – ou une méta-ontologie, selon l’expression de Marcello Vitali-Rosati – pour qui les notions d’écriture et de mémoire sont centrales et qui, en rupture avec la critique kantienne, accepte la pleine réalité de la spatialité et de la temporalité naturelle.

The first objective of this article is to replace the objects of the humanistic disciplines (culture and symbolic meaning) in the continuity of the objects of the natural sciences. I make the hypothesis that meaning does not suddenly appear with humanity but rather that different layers of coding and memory (quantum, atomic, genetic, nervous and symbolic) are gradually piling up and becoming more complex, the symbolic stratum being only the latest of the “writing machines”. The second concern of the text is to define the specificity and unity of the symbolic layer, and thus the field of the human sciences. By contrast with a certain logocentric tradition, I show that symbolism includes semiotics (such as cooking or music) where the signifier/signified cut-off is not as relevant as it is for languages. The third issue of this essay is to show that humanity’s cultural forms and interpretative powers evolve with its writing machines. The emergence of digital technology, in particular, suggests a refinement of the human sciences to the point of calculating semantic complexity. This attempt to redefine human sciences in the continuity of the natural sciences presupposes an ontology - or meta-ontology, to use Marcello Vitali-Rosati’s expression - for which the notions of writing and memory are central and to which, at odds with Kantian criticism, accepts the full reality of natural spatiality and temporality.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en