Un pas en avant, deux pas en arrière : la pauvreté, la Charte canadienne des droits et libertés et l’héritage de l’affaire Gosselin c. Québec

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2020

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Martha Jackman, « Un pas en avant, deux pas en arrière : la pauvreté, la Charte canadienne des droits et libertés et l’héritage de l’affaire Gosselin c. Québec », Les Cahiers de droit, ID : 10.7202/1070651ar


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En 2002, la Cour suprême du Canada a rejeté la demande de Louise Gosselin fondée sur la Charte canadienne des droits et libertés qui contestait un règlement d’application relatif au programme d’aide sociale du Québec prescrivant une réduction aux deux tiers du montant des prestations de base pour les moins de 30 ans, obligeant ces derniers à choisir entre la faim et l’itinérance. Dans le présent texte, l’auteure analyse les conséquences de la décision rendue dans l’affaire Gosselin c. Québec sur les droits et l’inclusion constitutionnelle des personnes vivant en situation de pauvreté. Elle considère d’abord l’important pas en matière de jurisprudence franchi dans cette affaire : le rejet par la Cour suprême de l’argument, étant en contradiction avec les attentes des groupes défavorisés et les obligations internationales du Canada en matière de droits socioéconomiques, selon lequel l’article 7 de la Charte ne peut imposer d’obligations positives aux gouvernements. L’auteure s’intéresse ensuite au recul constaté dans l’affaire Gosselin : plus précisément, à l’approche des juges majoritaires à l’égard de la preuve et au traitement de l’argument de fond articulé par Louise Gosselin. L’auteure soutient que les demandeurs qui invoquent la Charte dans les dossiers relatifs aux droits des personnes en situation de pauvreté continuent d’être confrontés à des stéréotypes préjudiciables et à des fardeaux de preuve disproportionnés. Leurs demandes en vertu de l’article 7 sont aussi constamment reformulées par les tribunaux, puis jugées non recevables. L’auteure conclut que, en n’ayant pas procédé à la révision de l’arrêt Gosselin, ni même accordé l’autorisation d’interjeter appel dans toute affaire soulevant la question de la pauvreté depuis lors, la décision de la Cour suprême représente un échec important du constitutionnalisme au Canada.

In 2002, the Supreme Court of Canada rejected Louise Gosselin’s Canadian Charter challenge to a Quebec welfare regulation that reduced benefits for those under-30 by two-thirds, forcing them to choose between hunger and homelessness. This article examines the legacy of Gosselin v. Canada for the rights and constitutional inclusion of people living in poverty. The article first considers the important jurisprudential step forward in the case : the Supreme Court’s rejection of the argument, at odds with the expectations of disadvantaged groups and with Canada’s international socio-economic rights obligations, that section 7 cannot impose positive obligations on governments. The article then considers the Court’s two steps back in the Gosselin case : the majority’s approach to the evidence and its treatment of Louise Gosselin’s substantive argument. The article argues that Charter claimants in poverty cases continue to face prejudicial stereotypes and disproportionate evidentiary burdens. Their section 7 claims are also consistently reframed by the courts and then dismissed as nonjusticiable. The article concludes that the Supreme Court’s failure to revisit Gosselin, or even to grant leave to appeal in any poverty case since then, represents a serious failure of constitutionalism in Canada.

En el año 2002, la Corte Suprema de Canadá desestimó la demanda interpuesta por Louise Gosselin la cual se fundamentaba en los principios consagrados de la Carta Canadiense de Derechos y Libertades, y en la que se contestaba un reglamento de aplicación relacionado con el programa de asistencia social de Quebec, en el que se prescribe una reducción de las dos terceras partes del monto de las prestaciones básicas para los menores de 30 años, lo cual obligaba a estos últimos a escoger entre el hambre y la vagancia. En este documento, la autora analiza las consecuencias de la decisión dictada en el caso de Gosselin c. Canada acerca de los derechos sobre la inclusión de carácter constitucional de las personas que viven en situación de pobreza. La autora considera en primer lugar el importante paso que se ha dado en materia de jurisprudencia en este caso : el rechazo del argumento por parte de la Corte Suprema, el cual contradice las expectativas de los grupos desfavorecidos y las obligaciones internacionales de Canadá en materia de derechos socioeconómicos y según el cual el artículo 7 no puede imponer obligaciones positivas a los gobiernos. Seguidamente, la autora abarca el constatable retroceso en el caso Gosselin : más precisamente en la perspectiva de los jueces mayoritarios con respecto a la prueba y al procesamiento del argumento de fondo expuesto por Louise Gosselin. La autora sostiene que los demandantes que invocan la Carta Canadiense de Derechos y Libertades en los expedientes relacionados con los derechos de las personas en situación de pobreza siguen estando confrontados con los estereotipos perjudiciales y a cargas de prueba desproporcionadas. Sus solicitudes basadas en virtud del artículo 7 han sido constantemente reformuladas por los tribunales, y posteriormente decididas como no justiciables. Para concluir, la autora expone que al no proceder a la revisión de la decisión del caso Gosselin, y al no acordar la autorización para interponer el recurso de apelación en el caso, con respecto a la cuestión de la pobreza, la decisión de la Corte Suprema representa, desde entonces, un fracaso considerable del constitucionalismo en Canadá.

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