2020
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Dalhousie French Studies : Revue d'études littéraires du Canada atlantique ; vol. no. 116 (2020)
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Jean-Jacques Defert, « Les espaces hétéroglossiques comme stratégie littéraire de résistance dans Harraga de Boualem Sansal », Dalhousie French Studies: Revue d'études littéraires du Canada atlantique, ID : 10.7202/1071057ar
Un certain nombre de monographies et d’ouvrages collectifs se sont penchés dans un passé récent sur les nombreuses fictions romanesques et cinématographiques qui ont été consacrées aux harragas (les brûleurs de frontières et de papiers) et à la harga (la brûlure). Le geste sacrificiel posé par ces candidats à l’émigration clandestine qui tentent dans l’exil de se réapproprier leur destin a provoqué, par sa radicalité, un mouvement de contestation des discours de représentation officiels et traditionnels à travers l’écriture. Harraga de Boualem Sansal (2005) porte cette double particularité de décentrer et d’élargir la portée de ce phénomène en mettant en scène un personnage principal féminin, Lamia, en observatrice d’un pays « en guerre contre lui-même » (Sansal, Harraga : 285). À la suite d’Alfonso de Toro, nous voulons proposer ici une lecture critique de ce roman qui vise à mettre en évidence la « dialogicité déconstructionniste » (Alfonso de Toro, 2009) de sa structure et ouvre la possibilité d’une ré-énonciation de soi par l’émancipation des discours logocentriques et l’actualisation d’une histoire qui se concrétise dans l’acte même de l’écriture de ce récit témoignage.