Regarder des feuilletons télévisés turcs en Grèce est une activité « taboue » aussi bien pour des raisons liées aux relations politiques tourmentées entre les deux pays voisins que pour des raisons de légitimité culturelle. Traitées comme des femmes intellectuellement pauvres et « moins Grecques », celles qui sont des fans de ces séries sont fortement critiquées ou même encore marginalisées par leur entourage. Dans ce contexte, les communautés numériques fonctionnent comme des refuges pour ces femmes où il leur est permis de s’exprimer, d’échanger et de développer leur propre identité. Au sein des communautés numériques, non seulement leurs préoccupations sont légitimées, mais elles ont également la possibilité d’entreprendre des pratiques qui leur sont interdites par ailleurs dans la société. Ces espaces virtuels constituent des champs dans lesquels les femmes fans peuvent mener des pratiques de résistance contre le système patriarcal qui leur impose la subordination. Dans ce sens, leur participation à ces communautés constitue une « praxis » féministe.
The viewing of Turkish soap operas in Greece is considered to be a « taboo » activity not only because of the tormented political relations between the two neighboring countries, but also because of reasons of cultural legitimacy. Treated as intellectually poor and « less Greeks », those who are fans of these series are highly criticized or even marginalized by their entourage. Within this context, online communities function as shelters where women who enjoy watching Turkish soap operas can express themselves, exchange and develop their personal identity. In these communities, not only « female » preoccupations are legitimized but also women have the possibility to conduct practices which are otherwise prohibited in society. These groups are virtual spaces in which women conduct resistance activities against the patriarchic system which imposes subordination on them. Consequently, their participation in such communities could be considered as a feminist « praxis ».
Mirar telenovelas turcas en Grecia es una actividad « tabú », tanto por razones vinculadas a las relaciones políticas problemáticas entre los dos países vecinos como por razones de legitimidad cultural. Tratadas como mujeres intelectualmente pobres y « menos Griegas », las aficionadas de estas series son fuertemente criticadas o incluso marginadas por quienes las rodean. En este contexto, las comunidades digitales funcionan como refugios para estas mujeres, permitiéndoles expresarse, intercambiar y desarrollar su propia identidad. Dentro de las comunidades digitales, no solo se legitiman sus inquietudes, sino que también tienen la oportunidad de emprender prácticas que no pueden emprender en la sociedad fuera de estas comunidades. Estos espacios virtuales constituyen campos dentro de los cuales las aficionadas pueden realizar prácticas de resistencia contra el sistema patriarcal que impone su subordinación. En este sentido, la participación de las aficionadas en estas comunidades constituye una « praxis » feminista.