2021
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Études françaises ; vol. 57 no. 1 (2021)
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Abdelhak Lahlou, « 1871 dans la poésie orale kabyle », Études françaises, ID : 10.7202/1076113ar
L’insurrection de 1871 est un événement majeur qui a profondément marqué la Kabylie. Rien ne l’a autant et plus durablement bouleversée que l’insurrection d’El Hadj Mohand Aït Mokrane (El Mokrani) et du cheikh El Haddad. Cette révolte populaire a eu des conséquences désastreuses pour les Kabyles qui ont perdu leurs terres, leur élite traditionnelle et leur style de vie. La défaite et ses conséquences ont traumatisé la population au point qu’elles n’ont pas pu manquer de laisser des traces dans la poésie populaire. Le séquestre et la spoliation des terres, l’effondrement des structures de l’ancienne société kabyle, la violence de la répression et le triomphe définitif de la colonisation ont inspiré une poésie nouvelle. Plus douloureuse et plus inquiète, celle-ci exprime deux sentiments nouveaux inconnus jusque-là dans la tradition de la poésie kabyle : la stupeur et le désarroi qui ont saisi la population au lendemain de cette défaite. Notre propos s’attache à lire les traces de cet événement traumatisant dans la poésie orale kabyle. Nous montrons la manière dont les poètes se sont appropriés l’événement pour témoigner du désastre de 1871 et de ses conséquences dans l’imaginaire populaire.