Le désoeuvrement du thérapeute et la suprématie du connaître en psychothérapie

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2020

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Filigrane : Écoutes psychanalytiques ; vol. 29 no. 2 (2020)

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Julie Dauphin, « Le désoeuvrement du thérapeute et la suprématie du connaître en psychothérapie », Filigrane: Écoutes psychothérapiques, ID : 10.7202/1077172ar


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Le travail de supervision amène le constat que de plus en plus de cliniciens éprouvent un malaise profond face à la pertinence de leur profession. Nous appellerons désoeuvrement clinique cette succession d’états (par exemple fatigue, doutes, perplexité) pouvant culminer en une crise identitaire sur le plan professionnel, et pouvant faire l’objet d’une demande de supervision. Ce texte amorce une réflexion quant aux contributions du modèle scientifique-professionnel qui prévaut dans la formation en psychologie, et ses impacts sur le champ thérapeutique. En particulier, le message implicite selon lequel seul le fait empirique a de véritable valeur risque d’entraîner une recherche de certitude qui se veut rassurante. Cette vision se perpétue dans les milieux de pratique, publics notamment, au travers de la notion de données probantes. L’intolérance à l’incertitude et sa contrepartie, la conviction de la certitude, tant au plan organisationnel qu’individuel, entraînent des impacts psychiques délétères chez le clinicien. À son insu, ce dernier est aux prises avec le poids de ce qu’il imagine devoir savoir. Paradoxalement, sa recherche maîtrisée par la « connaissance des faits » risque d’entraîner un appauvrissement de sa capacité à penser de manière créative pour et avec le patient en psychothérapie.

The work of supervision shows that more and more clinicians have troubling doubts about the relevance of their profession. A combination of experiences (eg. fatigue, doubts, perplexity), which we have dubbed clinical futility, can culminate in a professional identity crisis, prompting a request for clinical supervision. This paper proposes a reflection on the contributions of the scientific-professional model which prevails in clinical training, and its impact on therapeutic practice. In particular, the implicit notion that only empirical facts are of value as sources of information leads to a reassuring quest for certainty. This way of thinking is perpetuated in health care settings, particularly public ones, through the notion of evidence-based practices. The intolerance of uncertainty, and its counterpart, the conviction of certainty, at both organizational and individual levels, has a deleterious impact on the clinician’s psychic functioning. Unwittingly, the latter is grappling with the weight of what s/he imagines s/he should know. Paradoxically, the search for mastery through knowledge of the facts leads to an impoverishment of the capacity to think creatively, both for and with the patient.

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