2021
© Société de philosophie du Québec, 2021
Stéphane Lafon, « De l’impératif de la vertu politique à la préférence de Rousseau pour un gouvernement aristocratique », Philosophiques, ID : 10.7202/1077835ar
Dans la théorie politique de Rousseau, si la forme du gouvernement importe peu, pourvu qu’il demeure subordonné au souverain, le philosophe genevois semble néanmoins accorder sa préférence à un gouvernement de type aristocratique afin de respecter cette exigence. Devant la difficulté de réunir les conditions supposées du gouvernement démocratique, et établissant la vertu politique comme principe d’une société véritablement démocratique, le raisonnement du Genevois semble le conduire à penser le gouvernement de type aristocratique comme le meilleur de tous, avec des magistrats qui gouvernent pour le bien commun et exécutent la volonté générale sans tendre à l’incarner : un gouvernement « énarétocratique », reposant sur la vertu politique de ses magistrats. Ce gouvernement peut être conçu comme un expédient privilégié pour neutraliser les ferments oligarchiques de toute société politique. La modernité de la pensée du philosophe genevois réside dans le fait qu’elle ouvre des possibles en matière de pratique politique.