2021
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Alex Demeulenaere, « Narration et mémoire. Lecture comparée de Les bienveillantes et de L’art français de la guerre », Études françaises, ID : 10.7202/1078099ar
Les bienveillantes de Jonathan Littell, paru en 2006, et L’art français de la guerre d’Alexis Jenni, paru en 2011, n’ont pas seulement en commun d’avoir obtenu le prix Goncourt, ils se rapprochent aussi bien par leur thème que par leur structure narrative. La guerre, dans ses aspects historiques, culturels et moraux, est au centre des deux récits. Littell raconte la Seconde Guerre mondiale à travers le témoignage d’un ancien officier SS, alors que Jenni réfléchit sur la continuité des guerres françaises du xxe siècle. Les deux écrivains présentent leurs fresques historiques dans une narration rétrospective, monologique chez Littell, dialogique chez Jenni, et leurs récits font alterner des passages descriptifs au passé avec des réflexions au présent. La combinaison du thème et de la structure narrative permet une double réflexion, d’une part sur la nature et les effets de la dialectique temporelle développée, d’autre part sur la tension entre histoire et mémoire mise au jour à travers des narrations fictionnelles subjectives dans un contexte historique réaliste.