2021
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Dalhousie French Studies : Revue d'études littéraires du Canada atlantique ; vol. no. 118 (2021)
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Scott Shinabargar, « Breaking the News: Max Jacob’s Le Cornet à dés (1917) », Dalhousie French Studies: Revue d'études littéraires du Canada atlantique, ID : 10.7202/1081087ar
Les pastiches récurrents de l’écriture journalistique dans ce recueil séminal de Max Jacob sont plus complexes qu’il n’y paraît à première vue—une critique, non seulement de la prétendue objectivité de ce discours, mais de la supposition que la transmission d’information valide et importante est même recherchée d’abord. Les indiscrétions des nouvelles à sensation, souvent fallacieuses, se révèlent bien moins étonnantes quand nous reconnaissons, avec Jacob, que le plaisir esthétique qui oriente l’expression poétique – qui dépend, précisément, d’une certaine déformation de la communication véridique – est ce que la publique attend de ses sources d’information aussi, si de manière inconsciente. En identifiant les textes de cette oeuvre qui font référence aux thèmes et aux tropes discursives du journalisme (et de son frère, souvent indiscernable, le roman feuilleton) de la Belle Époque, on trouve que le poète en même temps exploite la « force qui attire » dans une telle écriture, en nous amenant au centre de l’intrigue, tandis qu’il interrompt sans cesse la stabilité offerte par une fonction référentielle quelconque, à travers des jeux langagiers. Si Jacob est loin d’être un artiste engagé au sens propre de l’expression, en mettant à nu le « fix » – peu satisfaisant, en dernier lieu – offert à la une, pour le reconstituer comme un objet d’art, il nous rappelle néanmoins une vérité importante : que les expériences esthétiques les plus satisfaisantes sont à la fois plus transparentes – de la fiction reconnue comme telle – et plus résistantes à la compréhension.