2021
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Dalhousie French Studies : Revue d'études littéraires du Canada atlantique ; vol. no. 118 (2021)
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Luke Warde, « Louis-Ferdinand Céline: Trolling For Another Time? », Dalhousie French Studies: Revue d'études littéraires du Canada atlantique, ID : 10.7202/1081088ar
Cet article propose une lecture de Louis-Ferdinand Céline éclairée par le concept de « trolling ». Le trolling est un phénomène relativement nouveau désignant la pratique visant à susciter de fortes réactions négatives chez autrui par la provocation ou l’incitation. Indissociable des plateformes numériques qui lui ont donné naissance, le trolling repose sur certains dispositifs rhétoriques facilement identifiables : ironie, autoréférence, impertinence, agression, etc. Les trolls visent à cultiver une réputation fondée sur l’hostilité qu’ils se délectent à provoquer. Je voudrais suggérer que Céline a adopté une stratégie similaire dans la période d’après-guerre, et plus précisément dans la série d’entretiens qu’il a accordé à quelques journalistes dans sa maison de Meudon, juste avant sa mort. Alors que certains affirment que Céline, en se repentant, essayait de regagner la sympathie du public après sa condamnation pour avoir publié trois pamphlets furieusement antisémites, je propose que sa véritable intention était d’instrumentaliser sa notoriété pour son propre avantage, car, pensait-il, une part de son lectorat s’intéressait à lui, non pas en dépit de, mais pour son infamie. Mon analyse mobilise un ensemble d’études récemment publiées portant sur l’humour, les nouveaux médias et l’extrême droite.