Les sciences humaines à l’ère hypermnésique : les nouveaux défis de la recherche en arts et lettres

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En 2023, l’UNESCO célébrera les vingt ans de « la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel » dont le but était d’assurer la préservation des pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire que des communautés reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. L’initiative était ambitieuse, elle incluait l’identification, la documentation, la recherche, la préservation, la protection, la promotion, la mise en valeur, ainsi que la revitalisation des différents aspects de ce patrimoine. Les discussions qui ont mené à l’adoption de cette convention avaient commencé au tournant des années 1980, c’est-à-dire au début de ce que Milad Doueihi a qualifié de « grande conversion numérique ». Or, la Convention n’a pas pris en compte les bouleversements majeurs qui s’annonçaient et qui allaient avoir pour conséquence d’indifférencier le patrimoine culturel immatériel à l’intérieur du vaste univers infonuagique en formation. Il résulte de cela, aujourd’hui, un état paradoxal, celui d’une hypermnésie amnésiante, qui affecte particulièrement le champ des sciences humaines. Le projet LIRAHC, que décrit sommairement l’article, fait partie des initiatives actuelles qui tentent de distinguer les traces du patrimoine culturel du magma des données immatérielles, et d’en assurer la préservation autant que la diffusion.

In 2023, UNESCO will celebrate twenty years of the “Convention for the Safeguarding of the Intangible Cultural Heritage”, which aimed to ensure the preservation of the practices, representations, expression, knowledge and expertise that communities recognize as part of their cultural heritage. The initiative was ambitious; it included the identification, documentation, research, preservation, protection, promotion, enhancement and revitalization of the different aspects of this heritage. The discussions leading to the adoption of this convention began at the turn of the 1980s, that is, at the start of what Milad Doueihi has described as the “great digital conversion.” Now, the Convention did not take into account the major impending upheavals whose consequence would involve distinguishing the intangible cultural heritage within the vast cloud computing universe being formed. Today, the result is amnesic hypermnesia, a paradoxical state affecting the social sciences and humanities in particular. The LIRAHC project briefly described in this article is among the current initiatives attempting to disentangle traces of the cultural heritage from the magma of intangible data to ensure these traces are both preserved and disseminated.

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