2021
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Alterstice : Revue internationale de la recherche interculturelle ; vol. 10 no. 1 (2021)
© Mylènede Repentigny-Corbeil, 2021
Mylène de Repentigny-Corbeil, « Discriminations intersectionnelles et stratégies identitaires : les vécus et perceptions des Marocain·e·s LGBTQ+ de première génération d’immigration à Montréal », Alterstice: Revue internationale de la recherche interculturelle / Alterstice: International Journal of Intercultural Research / Alterstice: Revista International de la Investigacion Intercultural, ID : 10.7202/1084802ar
Les discriminations vécues et perçues par les Marocains et Marocaines LGBTQ+ de première génération d’immigration à Montréal découlent de conjonctures historiques, sociales et politiques. En effet, les législations en place au Maroc criminalisant les rapports homosexuels, et l’interprétation majoritaire de l’islam condamnant l’homosexualité affectent les parcours migratoires, ainsi que les vécus dans le pays d’origine et le pays d’accueil notamment au sein des communautés marocaines et musulmanes. Également, le racisme systémique et l’aversion pour la religion, vécue et ressentie au sein des communautés LGBTQ+, engendrent des discriminations de nature islamophobe et raciste. Ainsi, prises entre des impératifs sociaux tant hétéronormatifs qu’homonormatifs, les Marocains et Marocaines LGBTQ+ se retrouvent à l’intersection de discriminations multiples au sein des structures politico-juridiques canadiennes et québécoises, ainsi qu’au sein des associations et lieux de solidarité communautaires. Cibles d’injonctions homonormatives séculières et hétéronormatives homophobes, ils et elles composent avec des conceptions et pressions inexistantes ou différentes de celles au Maroc, complexifiant leurs parcours migratoires et leurs questionnements identitaires. Cet article propose d’analyser les discriminations intersectionnelles et les stratégies de négociations identitaires des Marocains et Marocaines LGBTQ+ de première génération d’immigration à Montréal, abordées lors d’entretiens semi-dirigés effectués en 2018. De par la simultanéité et l’interactivité des oppressions et pressions normatives provenant de leurs diverses communautés d’appartenance, le coming-out devient, à ce titre, l’illustration de l’intersectionnalité des discriminations vécues et perçues.