1998
Copyright © Canadian Science and Technology Historical Association / Association pour l'histoire de la science et de la technologie au Canada, 1999
Stéphane Castonguay, « L’institut de Belleville. Expansion et déclin de la recherche sur le contrôle biologique au Canada, 1909-1972 », Scientia Canadensis: Canadian Journal of the History of Science, Technology and Medicine / Scientia Canadensis: Revue canadienne d'histoire des sciences, des techniques et de la médecine, ID : 10.7202/800407ar
Au Canada, la recherche sur le contrôle biologique a bénéficié d’un appui important depuis les débuts de la recherche en entomologie économique. En plus de disposer d’un environnement institutionnel stable depuis l’établissement du laboratoire de Belleville, en Ontario, en 1929, ce domaine de recherche a occupé une place importante dans la programmation scientifique du ministère fédéral de l’Agriculture jusqu’à la fin des annés 1960. L’appui des autorités scientifiques au contrôle biologique présente toutefois des paradoxes importants. En effet, au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, à une époque où l’entomologie économique repose de façon quasi exclusive sur l’emploi d’insecticides organochlorés, la recherche en contrôle biologique bénéficie de la construction de nouveaux laboratoires. Certains auteurs ont expliqué un tel développement en invoquant l’autonomie des chercheurs canadiens, sans toutefois problématiser cette notion. Cet article vise à démontrer la dynamique institutionnelle sous-tendant l’acquisition d’une marge de manoeuvre par les entomologistes canadiens pour mener des recherches en fonction de leurs intérêts. Nous examinerons particulièrement le rôle de certains acteurs comme les services entomologiques étrangers et les industries forestière et papetière dans la constitution de compétences canadiennes en contrôle biologique. De même, nous verrons comment les interventions de ces acteurs ont entraîné une reconfiguration institutionnelle de la recherche en contrôle biologique en agriculture et en foresterie, reconfiguration qui s’est soldée par la fermeture de l’Institut de Belleville en 1972.