L'expérience de la censure à travers le film noir : code Hays et esthétique de l'introspection

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C'est une autre histoire du cinéma américain qui se révèle à travers les dispositifs d'autorégulations. Les majors hollywoodiennes regroupées au sein de la MPPDA (1922-1945), puis de la MPAA (de 1945 jusqu'à aujourd'hui) ont dû faire face à différentes nécessités contradictoires entre la création de standards, la satisfaction d'un public en permanente mutation et le maintien de relations privilégiées avec les sphères de pouvoir. Hollywood a alors orienté ses productions vers un cinéma du divertissement, à travers : une institutionnalisation de la production, la construction d'un star system et le développement d'un cinéma de genre, régi par une dialectique de standardisation/différenciation. Parfois, à travers cette nécessité de sortir des standards, des brèches se sont ouvertes dans les mécanismes de production. Malgré des conséquences catastrophiques pour son industrie, brisant ses liens de confiance avec le monde politique dans le contexte de la Prohibition, Hollywood dévoile avec la série des films de gangsters des années 30, un visage sombre des villes américaines jusque là ignoré par le cinéma. Le succès, malgré la publicité des objections, est immense. Ce traitement de la décadence et de la violence urbaine se poursuit alors dans le film noir, donnant lieu à un travail de subjectivisation avec la mise en scène du personnage du détective privé. À partir de cet héritage sémantique et syntaxique, les auteurs du noir développent des figures esthétiques et narratives pour contourner les contraintes du système d'autorégulation du code Hays. Dans une dynamique de réflexion sur l'éthique du langage cinématographique imposée par cette instance de censure, le film noir participe à l'avènement de la Modernité des années 60.

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