L'esthétique pulsionnelle de Fichte comme théorie de l'auto-création

Résumé Fr En

Une relecture des lettres Sur l’esprit et la lettre en philosophie de 1795 permet de réévaluer le rôle de la pulsion esthétique comme agent d’historicisation du Moi. La méthode philosophique de la lettre, axée sur la réception passive d’un objet, s’oppose à celle de l’esprit qui s’intéresse à la relation pulsionnelle du sujet à son objet. Cette distinction s’articule sur la structure anthropologique de la pulsion fichtéenne qui différencie les pulsions théorique, pratique et esthétique. La pulsion esthétique joue une fonction primordiale dans le passage d’une activité idéelle du Moi à sa réalisation matérielle. Cette démonstration explique le rôle particulier de la création dans le système du jeune Fichte comme l’acte qui permet l’éveil de ces pulsions chez le récepteur ouvrant ainsi la voie à la formation de son esprit.

A new analysis of the 1795 letters On the Spirit and the Letter in Philosophy allows a reappraisal of the role of the aesthetic drive as an agent of historicization of the I. The philosophical method of the letter – focusing on the passive reception of an object – is primarily to be opposed to that of the spirit that concentrates on the instinctual relation of subject to object. This distinction is based on Fichte’s anthropological structure of the drives that differentiates theoretical, practical and aesthetic drives. The aesthetic drive plays a crucial function in the transition from an ideal activity of the I to its material realization. This demonstration explains the particular role creation plays in Fichte’s early system, as the act that allows the awakening of these drives for the receptor, thereby paving the way for his spiritual formation.