1974
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Anne-Marie Bodergat, « Les microcodiums. Milieux et modes de développement », Travaux et Documents des Laboratoires de Géologie de Lyon, ID : 10670/1.0ksh9h
Le terme microcodium a été créé en 1912 par H. Glück pour désigner des cristallisations de calcite récoltées dans le Miocène marin de Bade et attribuées à des Algues de la famille des Siphonées. Plusieurs découvertes ultérieures ont amené les auteurs à rechercher l'origine minérale ou organique de ces cristallisations ainsi que leur milieu de développement. Les travaux entrepris par l'auteur montrent que les microcodiums sont en liaison très étroite avec les paléosols (encroûtements calcaires discontinus et continus, paléosols hydromorphes). Toutes les observations de terrain offrent une remarquable convergence : les microcodiums ont proliféré dans les sols ou bien à l'intérieur de substratums carbonatés très variés situés sous des sols. Quel que soit le type d'agencement reconnu (lamines ou épi de mais), les prismes apparaissent comme greffés sur un axe de progression dont la croissance est dichotome. L'action de litholyse du CO3Ca imputable aux filaments observés à l'intérieur des prismes ne semble provoquer aucun changement dans la composition chimique de la roche originelle. Par contre, cette action conduit, au niveau de la texture, à une ségrégation entre le carbonate de calcium et le reste des matériaux, systématiquement rejetés hors des prismes. Seules des modifications ont été observées dans la phase argileuse, mais elles peuvent être imputées à la pédogenèse. Les analyses des isotopes stables du carbone et de l'oxygène matérialisent un milieu de développement confiné et montrent que tout le carbone des prismes de microcodium a été métabolisé. Cette "charge organique", d'origine photosynthétique, a vraisemblablement été acheminée depuis la surface du sol jusqu'aux microcodiums par l'intermédiaire de relais biologiques. Enfin, la comparaison avec des processus actuels de biocorrosion dus aux microorganismes du sol démontre l'originalité du "système microcodium" qui assure à lui seul le couple biocorrosion-biosynthèse. Par conséquent, si les filaments décrits dans les prismes peuvent selon toute vraisemblance être rattachés aux Actinomycètes, il semble qu'une association d'au moins deux organismes soit nécessaire pour expliquer l'action des microcodiums.