2012
Cairn
Tewfik Aclimandos, « L’armée égyptienne : ultime garant de la pérennité du régime », Les Champs de Mars, ID : 10670/1.0o37h6
Le régime égyptien, bien qu’issu à l’origine d’un coup d’État militaire, fut longtemps marqué par des tensions croissantes opposant les généraux qui dirigent l’armée et les anciens militaires qui tiennent le reste de l’appareil d’État. La guerre de 1967 et la présidence Sadate redéfiniront les règles du jeu : un président qui est un ancien militaire dirige l’appareil d’État (où les militaires ne règnent plus, même s’ils demeurent présents et disposent de beaucoup de relais) et est le commandement en chef des forces armées. Dans ce cadre, l’armée dispose d’un empire économique mais obéit au pouvoir présidentiel. Cette formule a été est mise en danger par les projets de transmission héréditaire du pouvoir au sein de la famille Moubarak. Cet objectif, qui incluait le démantèlement de l’organisation économique étatique et notamment de son volet militaire au profit du fils du président déchu, explique l’appui, réel, apporté par l’armée à la Révolution. Mais l’entente entre militaires et révolutionnaires n’a pas longtemps duré, l’armée souhaitant protéger l’autorité de l’appareil d’État en favorisant l’organisation d’élections, alors que les révolutionnaires réclament une restructuration de l’appareil étatique et des rapports de pouvoir en son sein.