2021
Cairn
Alexis Lussier, « Apologue pour une imagination de l’angoisse : Lacan, Blanchot et le regard de la mante religieuse », Essaim, ID : 10670/1.16b4y6
Entre 1961 et 1963, Lacan revient à plusieurs reprises sur l’image mythique de la mante religieuse. Image par excellence de la dévoration assimilante et de la mère sadique, dont l’étreinte est redoutée ; image, aussi, d’une jouissance monstrueuse, et qui met en valeur l’énigme de cette jouissance. Or, cette image, Lacan devait la sortir tout droit de ce qu’il appelait lui-même le « magasin des accessoires en usage ». Il la reprend, et il s’en sert, puis l’abandonne, mais pour des raisons strictement liées au chemin parcouru à propos de la question de l’angoisse. En somme, c’est une image dont les reprises et les modulations décrivent un cheminement de pensée. On y retrouve les noms de Freud, bien sûr, qui a su déplier l’image de Méduse, mais aussi les noms de Caillois, Bataille et Blanchot où l’image de la mante religieuse trouve une articulation décisive. Cet article propose de suivre dans l’enseignement de Lacan les différentes esquisses successives de cette image pour la remonter comme on remonte un mécanisme, ne serait-ce que pour étudier ce qu’elle a permis de saisir et pourquoi il fallut aussi que Lacan l’abandonne. Non pas seulement parce que l’image ne lui servait plus, mais parce que l’objet qu’elle enferme n’a pas d’image.